D’une colonie à une municipalité : Saint-Donat (1)

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Entre l’arrivée de la première famille vers 1869 et la fondation de la paroisse de Saint-Donat en 1874, les habitants appellent ce joli coin que nous habitons “la petite colonie du lac Archambault” ou “la colonie Coutu”, puis “la mission Saint-Donat”. À cette époque, l’autosuffisance et l’entraide communautaire prévalent comme règle de vie. La paroisse, avec son conseil de fabrique et son curé qui y préside, demeure la seule institution autour de laquelle les habitants se reconnaissent, s’organisent et se rallient. Les moyens de communication avec l’extérieur, c’est-à-dire l’ouverture et l’entretien des chemins, demeurent une préoccupation constante et majeure chez les habitants. Bien que l’on paie la dîme, il n’y a pas encore de taxes et d’impôt, mais cela ne tardera pas à arriver. C’est l’enseignement qui donne le coup d’envoi. Avec la création de la Commission scolaire de Saint-Donat en 1883, les familles se voient contribuer financièrement à l’éducation de leurs enfants. Le premier rôle d’évaluation est alors créé.

Bien que l’ouverture des registres de la paroisse se fasse en 1874 avec l’arrivée d’un curé permanent, Alexis-Henri Coutu, la paroisse n’a pas de limites territoriales officielles. Elle apparaît plutôt comme un “no man”s land”. Les seules frontières que nous avons sont celles des municipalités ou paroisses, érigées canoniquement ou civilement, qui nous entourent. À l’époque, il y a Saint-Théodore-de-Chertsey, Sainte-Lucie, Saint-Côme et au nord, les forêts, les montagnes et les lacs.

Mais bientôt, tout va changer. À la séance régulière de la Corporation municipale du comté de Montcalm souvent appelée le Conseil de comté (1), dont le chef-lieu est Sainte-Julienne le 9 décembre 1903, une requête des habitants de la paroisse de Saint-Donat est transmise par Omer Brisson (ép. Julienne Robert) et Théophile Payette (ép. Luména Pelletier). On demande au Conseil de comté d’ériger en municipalité locale tout le canton Lussier, le premier rang du canton Archambault depuis le lot no.1 jusqu’au no.18, le deuxième rang depuis le no.1 jusqu’au no.12 et le troisième rang depuis le no.1 jusqu’au no.9 inclusivement.

Pour ériger un territoire en municipalité locale, il faut qu’il soit habité par au moins 300 personnes. Comme la requête ne spécifie rien en ce sens, le Conseil de comté nomme le notaire G.A. Archambault, de Sainte-Julienne, pour faire le recensement et remet à la prochaine séance la décision. Le 8 janvier 1904, le Conseil de comté de Montcalm donne son accord à la requête, telle que formulée par les habitants de Saint-Donat, le recensement donne 362 habitants.

Il revient au Conseil de choisir le nom de la municipalité, et celle-ci portera le nom de Municipalité du canton Lussier. La résolution est signée du préfet Olivier Lapierre. L’arrêté du Conseil est donné le 19 février 1904. De retour à Saint-Donat, les représentants de la population se préparent à tenir une assemblée des électeurs. On se demande peut-être pourquoi on n’a pas donné le nom de municipalité de Saint-Donat, puisqu’après tout, on avait déjà la paroisse de Saint-Donat. C’est ce que l’on verra le mois prochain.

(1) Cette institution municipale est l’ancêtre des Municpalités régionales de comté (MRC). Saint-Donat fait actuellement partie de la MRC de Matawinie, anciennement du Conseil de comté de Montcalm. À cette époque, les Conseils de comté s’attardent aux affaires qui concernent ou impliquent plusieurs municipalités, les besoins intermunicipaux et entre autres, pour ce qui nous intéresse, l’érection de territoires en municipalités.

Réponse à la question posée le mois dernier : “Combien de garçons, y compris les adultes, comptez-vous sur cette photo ? Réponse : 6. L’une des grandes familles de Saint-Donat, celle de Pierre (Pit) Simard et son épouse Florentine Riopel, devant leur maison au lac Ouareau en 1912. Ce n’est qu’une partie des enfants qu’ils auront. De ce premier mariage, ils en auront 20 et Florentine décédera enceinte. Pour ceux qui ont conservé le journal du mois d’octobre dernier, vous pouvez voir sur la photo, de gauche à droite : Germaine (ép. Rosaire Houle), Berthe (ép. Donat Lavoie). Alexina (ép. Xavier Grenier), Fabienna (ép. Wilfrid Aubin), Élizabeth (ép. Ephrem Perreault), Joseph (ép. Marie-Ange Aubin), Delphina (ép. Émile Thériault), Marie-Anne (ép. Ovila Aubin), et en face Paul (ép. Albertine Lajeunesse), Florentine Riopel et en face Lionel (ép. Rose Houle), Pierre (Pit) Simard et en face Théodore (ép. Marie-Joseph Miron), puis l’homme qui tient le cheval Émile Riopel, frère de Florentine.

Source : Claude Lambert, anthropologue-historien, Journal Altitude 1350. Novembre 1994