Le Château du Lac

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On se rappellera qu’en 1930, M. Thibault vend l’établissement de la Pension Thibault à ses gendres, Ovila Villeneuve et Hector Bilodeau et que la dénomination de la pension changea pour Hôtel Lac Archambault, Hôtel Bilodeau et enfin Château du Lac.

De 1930 à 1945, l’hôtel n’est ouvert que durant la saison estivale sauf une année, soit en 1936. En pleine crise économique, une compagnie forestière obtient un important contrat de coupe de bois dans le secteur de la rivière Michel. Presque mille hommes y ont travaillé selon ce que m’a raconté M. Rosaire St-Pierre. Les bûcherons venaient d’un peu partout : Gaspésie, Beauce, Lac St-Jean, Côte Nord. Comme il y avait plusieurs camps, on avait besoin de plusieurs cuisiniers, aide-cuisiniers, forgerons pour réparer et ferrer les nombreux chevaux qui servaient au transport des billots et également au transport des vivres : « poches de farine pour le pain, « poches » de pois à soupe, de fèves blanches et de lard pour les bines, barils de mélasse, les meules de foin, « poches » de moulée et de grains pour les animaux. Chaque jour, on venait au village par le chemin sur la glace afin de s’approvisionner et pour le transport des blessés. Durant cet hiver de 1936, l’hôtel sera transformé en infirmerie, dirigée par le docteur Victor Charbonneau.

Après avoir acheté une partie de la montagne à l’arrière de l’hôtel, Hector Bilodeau ouvre en 1945 un centre de ski, soit à la même époque que le célèbre centre de ski du Mont-Jasper, ce dernier dont le dénivelé faisait le deuxième plus haut mont des Laurentides après Tremblant. M. Bilodeau installe, à proximité du centre de ski, une glissoire qui fera le bonheur des enfants. Avec ses traînes sauvages à dix carreaux comme équipement, on atteignait des vitesses vertigineuses (je peux en témoigner, pour l’avoir expérimenté lors d’une descente où nous avions dévié du tracé et heurté un sapin contre lequel ma cousine s’est fracturée la clavicule).

En 1946, M. Bilodeau rachète la part d’Ovila alors que la popularité de l’hôtel gagne toujours en importance. On construit quelques petits chalets et on installe
des courts de tennis et un jeu de croquet. Une patinoire extérieure s’ajoute aux équipements et les joueurs de l’équipe de St-Donat y rencontrent des opposants de l’extérieur dont l’équipe de St-Jovite qui voyageait en avion. Des soirées costumées mémorables faisaient le plaisir de la clientèle. M. Ovila Légaré, qui incarnait le rôle du célèbre père Didace dans le téléroman « Le Survenant », aimait agrémenter ces soirées par ses chansons. Des carnavals d’hiver, avec couronnement de la reine, compétitions de ski, joutes de hockey font même le sujet d’un important article dans le journal La Presse en 1948.

À suivre ...
Source : Pierre Forget, Journal Altitude, avril 2012
Source : Claude Lambert, anthropologue-historien. Journal Altitude, janvier-février 1996.