Les mines : de Chertsey vers le lac Ouareau (1)

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Voici le premier d’une série de trois articles portant sur les débuts de l’exploitation minière de Chertsey et de Saint-Donat et l’intérêt qu’elle a suscité chez ses habitants. Nous commencerons par jeter un regard sur la région de Chertsey, pour terminer avec la mine de silice de Saint-Donat. On commence à entendre parler des richesses minérales du nord de la région de Lanaudière au début des années 1850, entre autres grâce aux explorations géologiques du Canada de 1852, réalisées par la Commission Géologique du Canada. Celle-ci a été créée en 1842 et a pour mandat d’effectuer des études sur le terrain afin de mesurer l’étendue des ressources naturelles du Canada, notamment des ressources énergétiques et minérales non renouvelables. En 1852, une série de relevés le long des rivières L’Assomption et Ouareau est réalisée par le géologue James Richardson. À partir de la fin des années 1860, les journaux de l’époque font état de plusieurs découvertes de gisements miniers dont la grande majorité ne rapporte pas grand chose.

Entre 1885 et 1891, le Dr. Frank D. Adams effectue une série d’explorations au nord de Montréal, s’étendant jusque dans notre région. Vers le milieu des années 1850, alors que la fièvre de l’or attire nombre de colons vers la Californie, dans la région on se demande : pourquoi ne pas chercher chez nous ?. Spéculateurs, apprentis minéralogistes prospectent les cantons du nord de la région Lanaudière. Aussi, Adams mentionne-t-il dans son rapport qu’il rédige en 1896 (sur les explorations de1885 à 1891) qu’il y a 40 ans à Chertsey sur le lot 11 du rang 4 on exploitait une petite concession parce que l’on pensait y trouver de l’or. Cela s’avérait plutôt de la pyrite de fer ( l’or des pauvres) et du quartz sans trace d’or ou d’argent. Dans le rang 5 sur le lot 15 vers 1866, une nouvelle concession est exploitée. On y dépense environ 11,000$ sur une période de trois ans. Les principaux travaux consistent en un puits de 35 pieds de profondeur. Le minerai est transporté à un moulin sur le bord de la rivière Ouareau. Lorsque Adams le visite, il est presque en ruine. Dans sa description il rapporte que ce moulin contient 5 bocards (machine à broyer) ainsi que 10 bassins d’amalgation (servant à extraire l’or ou l’argent au moyen du mercure !)

D’autres essais seront faits dans le canton de Chertsey sans pour autant donner de résultats. Dans le rapport du géologue P.E. Côté de 1960 sur la région de Chertsey, ce dernier ajoute que " les habitants parlent encore d’or et mentionnent volontiers, l’un la « mine à Aumont » , l’autre la « mine à Patrick » , etc". Lors de la visite du géologue Adams dans la région de Saint-Donat vers 1887, il signale la découverte d’une importante bande de calcaire utilisable pour la fabrication de la chaux. Cette bande de calcaire est située au lac Ouareau à la limite de la ligne du canton Chilton englobant les deux îles en remontant le lac et également sur une grande partie de la rive ouest du lac. Ce qui lui fait dire que cette découverte est fort intéressante pour les colons de l’endroit alors que ces derniers doivent aller aussi loin qu’à Saint-Jérôme pour chercher leur chaux. Il ajoute que maintenant les habitants vont construire des fours et fabriquer leur chaux. Malheureusement on ne sait ce qui est arrivé par la suite. Mais au fait, comment fabrique-t-on la chaux et à quoi sert-elle ? Dans des fours aménagés à cet effet, on chauffe le calcaire pendant trois jours et trois nuits pour obtenir une poudre blanche, légère et qui est sans odeur. On appelle cela " la chaux vive" . On utilise surtout la chaux comme désinfectant pour le blanchiment des murs d’habitations, des dépendances et des étables. Le lait de chaux s’obtient en mélangeant de la chaux vive, de l’eau bouillante et du sel. Le sel selon certains, permet à l’enduit de ne pas craqueler, mais selon d’autres, il ne change rien au résultat. On ajoutera de la craie dans le mélange pour obtenir un blanc plus éclatant. Pour une meilleure adhérence, certains y mêleront de la farine de riz et de la colle forte, d’autres y feront fondre du gras. Étant donné que je n’ai pas de photos de cette époque sur l’exploitation minière, j’utiliserai des photos du début de la mine de silice à Saint-Donat pour ces articles. Le mois prochain, nous verrons des chercheurs d’or attirés par la Californie....

Photo-vignette : Montée sur un trépied et installée dans un petit abri, la "diamond drill ", tige munie d’un diamant, extrait du sous-sol des échantillons de minéraux qui permettront d’évaluer les meilleurs endroits pour extraire le silice ou quartz. Ces puits de sondage sont faits avec une inclinaison de 45˚ degrés. On remarque l’aspect dénudé d’une partie de la montagne.

Source : Claude Lambert, anthropologue-historien, Journal Altitude 1350. Janvier 1995