Notre-Dame-de-la-Merci : bien avant son temps !

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Bien que les curés J.F.R. Arnauld, de Sainte-Marguerite, et Alexis-Henri Coutu, de Saint-Donat, choisissent en 1879 le lieu où s’érigera la première chapelle de Notre Dame-de-la-Merci (canton Chilton), les premiers jalons d’histoire de cette localité remontent à bien avant.

Le 3 mai 1792, Sir Lieut.-Gouv. Alured Clarke concède au Lieut. Henry Holland et ses associés cette portion de territoire qui ne deviendra officiellement le canton Chilton qu’en 1861. Il semble que l’origine du nom de Chilton soit celui d’un village d’Angleterre. Il faut se rappeler qu’à cette époque, nos dirigeants étaient des représentants de la monarchie britannique. Saviez-vous qu’on avait choisi deux autres endroits pour établir le village de Notre-Dame-de-la-Merci, et cela bien avant que les curés Arnaud et Coutu en décident autrement ?

Reportons-nous à l’automne 1854 ou l’arpenteur F.P. Quinn vient de remettre son rapport sur le canton Chilton. Parmi ses instructions, Quinn doit désigner le meilleur emplacement pour un village. Son choix se porte alors sur le 5e rang comprenant les lots 28 à 30 inclusivement. Pour vous situer aujourd’hui, cela se trouve non loin de la cabane à sucre <>, sur le chemin de Notre-Dame-de-la-Merci anciennement le chemin du rang 6, des Pelletier. Maintenant, vous me direz pourquoi cet endroit plutôt qu’un autre ? La raison est que pour l’établissement d’un village, des éléments essentiels sont à considérer.
Premièrement, un bon pouvoir d’eau, une décharge de lac ou une rivière, pour y construire un moulin à scie et à farine. Justement, sur les lots 29 et 30, il y a ce que les gens de la Merci appellent <>. Ensuite, la proximité d’un chemin. Comme nous sommes 18 ans avant l’ouverture du chemin Coutu (route 125), le plus proche est le chemin de chantier qui part de Rawdon, longe la rivière Ouareau et se dirige jusqu’à quelques milles au-delà du lac Georges. Cette route est celle de J.H. Dorwin, un exploitant forestier et homme d’affaires de Rawdon. Les chutes Dorwin rappellent son mon d’ailleurs.

C’est avec les incursions répétées des compagnies de bois que plusieurs lacs et rivières des cantons du Nord ont connu leurs noms. Je reviendrai un jour sur ce sujet
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En lisant et relisant les notes de l’arpenteur Quinn, sur le canton Chilton, je me demandais pourquoi ce dernier faisait tant de remarques favorables pour la colonisation. La réponse, c’est le curé J. Romuald Paré, fondateur de Chertsey, qui nous l’a fourni. Un mot en passant : le lac Paré commémore son souvenir. Alors qu’il est curé de la paroisse de Saint-Jacuqes de L’Achigan, il fonde la <>. Agent de colonisation du comté de Montcalm, il précède de plusieurs années, bien que modestement, les deux grands promoteurs de la colonisation du nord de Montréal, dans l’ordre, le curé T.S. Provost pour la région Lanaudière, et le curé A. Labelle pour les Laurentides. Et pour favoriser l’implantation des colons au nord de Rawdon, il s’associe à Alexander Daly, agent des terres de la Couronne, domiciliée à Rawdon, et à Francis P. Quinn, arpenteur également de Rawdon.

D’après certaines sources, Daly semble favoriser l’immigration irlandaise pour Rawdon. Avec toutefois quelques réserves, il serait entre autres responsable de la venue à Rawdon de la famille Ritchie qui compte plusieurs descendants à Saint Donat. Quant à l’arpenteur F.P. Quinn (une rue porte son nom à Saint-Donat), il poursuit ses efforts en promouvant les avantages du canton Chilton.

En 1858, il récidive en suggérant dans Chilton un autre endroit pour un village. Il est question alors du 11e rang au sud-est du lac Ouareau, quelque part sur le chemin St Guillaume (un nom qui, pour moi, n’a aucune signification) entre le lac Lafrenière et le lac Ouareau. Il ira même plus loin en espérant voir le chemin du gouvernement à Rawdon se poursuivre jusqu’au lac Ouareau - nous sommes en 1858 - et un autre plus audacieux, du lac Ouareau jusqu’à Grenville dans l’Outaouais.

La collaboration de tous serait appréciable. J’invite ici les gens de Notre Dame-de-la-Merci à me prêter d’anciennes photos, soit de famille ou du village, afin que dans les prochains mois je puisse mieux étoffer mes articles. Vous pouvez me rejoindre, le soir, au 424-3720, ou écrire au journal a mon attention. Merci.

Notre-Dame-de-la-Merci fête cette année son 40e anniversaire d’incorporation.
Photo-vignette : Avis de recherche. Cette photo provient de l’album de ma grand-mère Élisabeth Lévesque (fille de Honoré Xavier Dusablé dit Lévesque et de Anna L’Heureux) marié à Joseph Lambert dit Dupras (fils de Louis Dupras et de Léa Grenier), tous deux de Chertsey. Ce pourrait être un campement de drave quelque part sur la rivière Ouareau. Le grand-père est sur la photo.

Source : Claude Lambert, anthropologue-historien, Journal Altitude 1350. Juillet 1991