Voyage Cusson Vandal, 2e récit. Arrivée au camp de Jos Morin

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ARRIVÉE AU CAMP DE JOS MORIN

Mais, brusquement, au bout du sentier (à 22 kilomètres de Saint-Donat), apparaissent trois beaux camps de bois rond, un lac merveilleux et sur la galerie d’un camp, des gens à l’accueil chaleureux qui les invitent à s’asseoir et à prendre un bon verre d’eau froide. C’est le camp de pêche de M. Jos Morin, au Lac Caribou. Puis Madame Morin, les invite à demeurer pour le repas du soir et pour coucher : ‘’Il est trop tard pour redescendre à Saint-Donat’’ dit-elle.

C’est le coup de foudre. Laval et Violette savent immédiatement qu’ils ont trouvé ce qu’ils recherchaient : une nature de lacs et de forêt vierge, isolée et bonne pour la pêche. Un endroit de séjour rustique, propre, confortable, peu achalandé et en plus, des gens simples et accueillants où d’une part, il fera bon vivre, et d’autre part, la pêche sera bonne.

Sur la fin de la journée, une fois les présentations faites, Violette décide de rester au camp pour se reposer un peu, tandis que Laval, M. Gauthier et le guide décident d’aller à la pêche ‘’donner le coup du soir’’, avec M. Jos Morin, sur le lac Caribou, juste en face des camps.

Le lac Caribou est de toute beauté. L’eau est limpide, d’une transparence telle que l’on voit le fond du lac, de plusieurs mètres de profondeur. Il est entouré d’une forêt d’épinettes qui pointent leurs clochetons vers le ciel, comme des clochers de cathédrales. Au bord du lac, on voit tantôt une falaise qui plonge du haut de la montagne, tantôt une petite baie agrémentée de nénuphars ou de grandes herbes qui pointent de la batture. Et tout autour, il y a des montagnes et du ciel à l’infini. Un vrai paradis.

Les hommes pêchent bien au-delà du coucher du soleil. Ce soir la truite est affamée et saute sur tout ce qui bouge. ‘’Elle est mordeuse’’. Les pêcheurs en profitent et prennent plus d’une trentaine de belles truites mouchetées d’environ douze pouces de longueur.

Puis, ils reviennent au camp à la brunante avancée. Le vent est tombé, c’est le calme plat. Il n’y a plus de couleur, tout est gris. Le paysage s’estompe et on ne distingue plus aucun détail, sauf la silhouette des épinettes et de la montagne qui se découpe sur un fond de ciel légèrement orangé qui se cache derrière la montagne.
La fraîcheur se fait sentir et l’odeur humide du sous-bois et des épinettes les inonde. La brume en petit paquet émane de la surface de l’eau. Le huard au fond du lac, les sérénades de ses derniers cris langoureux.

Du camp, on ne voit pas la chaloupe qui revient, mais on entend le clapotis des rames qui plongent dans l’eau en cadence régulière, et la voix des hommes qui parlent entre eux. ‘’Nos pêcheurs arrivent’’ dit Madame Morin à Violette.
Arrivé au camp, Laval exprime à Violette toute sa satisfaction. Il prend le temps de se réchauffer un peu près du poêle à bois, fait un ‘’brin’’ de toilette, et se prépare pour le repas du soir qui est servi dans le camp des invités. Après avoir fait manger un peu plus tôt sa famille composée de neuf enfants, elle sert dans sa cuisine-salle à manger, une deuxième tablée pour ses visiteurs.

Madame Morin est bonne cuisinière. Elle prépare des repas maison, cuits sur son poêle à bois ; il y a de la soupe, un plat principal, du pain et beurre fabriqués sur place et des tartes aux framboises ou aux bleuets, selon la cueillette de la journée. Après un copieux repas, Laval et Violette se retirent dans leur camp, celui qui est adjacent au camp de la famille Morin.

LE CAMP

Le camp est fait de bois rond, authentique tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Il est vaste, sans division, rustique, propre, confortable et bien isolé des moustiques. On y trouve six petits lits simples, trois de chaque côté de la pièce, avec chacun une chaise droite pour s’asseoir et y déposer ses vêtements. Au milieu du camp, sur le mur du fond, un petit poêle à bois. Près de la porte, il y a d’autres chaises et une petite table pour écrire, jouer aux cartes, etc. Le camp n‘a ni eau courante, ni toilette à l’intérieur. Il y a une toilette sèche (two holes) au bout d’un petit sentier à l’arrière du 3ième et dernier camp. C’est sur la galerie qu’on peut se laver et se raser. Là, il y a un miroir accroché au mur, une tablette où l’on peut déposer le ’’lave-main’’ (bassin) le savon, la bosse à dents, les serviettes et accessoires de toilette. Quant à l’eau, il faut la puiser au lac et la faire chauffer au besoin sur le poêle à bois. C’est vraiment plus que champêtre, mais c’est exactement cela que désirent Laval et Violette. Ils décident donc d’y passer tout le reste de leurs vacances et de ne pas retourner à l’hôtel de Saint-Donat. Le lendemain, le guide, Laval et M. Gauthier retournent à Saint-Donat pour mettre bagages et automobile en lieu sûr. Puis ils rapportent quelques vêtements et équipements de pêche nécessaires à passer le reste des vacances chez Jos Morin, au lac Caribou. Les hommes font l’aller et retour dans la même journée. Laval est satisfait. Il est installé à son goût, et les vacances commencent.


Source : Dr Marc Cusson, fils de M. Cusson et Mme Vandal, Journal Altitude 1350, septembre 2016