À Saint-Donat on sait se souvenir et être reconnaissant
Par : Jacques Cotnoir
Une erreur de « clic » m’a fait transmettre le mauvais article au journal Altitude pour l’édition de décembre dernier. Je me reprends en honorant encore une fois monsieur André Gaudet qui, vous le verrez, ouvre le mois de janvier avec « La clef de la municipalité ». Rien de moins !
Le 11 novembre dernier, à 11 heures et 11 minutes précisément, une délégation composée de citoyennes et de citoyens de Saint-Donat a procédé à un rituel qui a été reproduit des milliers de fois à travers le monde ce jour-là. Réunies au cimetière local, ces personnes ont déposé trois couronnes de fleurs au pied du cénotaphe érigé à la mémoire des 24 militaires disparus dans la nuit du 23 octobre 1943 suite à l’écrasement de leur avion sur la Montagne Noire. Ont posé ce geste lourd de sens, des représentants de la municipalité de Saint-Donat, en la personne de monsieur le maire Joé Deslauriers et de la conseillère du district n° 4 madame Lyne Lavoie et du conseiller du district n° 1 monsieur Louis Dubois. Ils ont été suivis par deux anciens militaires appartenant à notre communauté, messieurs Daniel Juteau et David Issa. La troisième couronne a été déposée par le président de l’organisme qui se voue à la préservation du site de l’écrasement de l’avion Liberator B24, soit monsieur André Gaudet, accompagné de la conjointe de monsieur Louis Dubois.
Ce jour du Souvenir qui a été marqué localement par cette cérémonie discrète tenue au cimetière revêt une importance particulière pour notre milieu. En effet, tous connaissent la situation stratégique du site de l’écrasement de cet avion sur le flanc de la Montagne Noire. À l’époque on était en plein cœur d’un combat à finir mené contre l’une des pires dictatures qu’ait connue le monde moderne : le nazisme. Les aviateurs qui sont morts tout près de chez nous étaient directement impliqués dans cette lutte qui ne devait prendre fin que trois ans plus tard. Leur rôle était d’assurer la sécurité, au dessus de l’Atlantique Nord, des convois transportant le matériel militaire nécessaire à la survie du Royaume Uni.
Ce faisant ils ont contribué à détruire plusieurs sous-marins allemands, - les fameux U-Booth – qui ont décimé allègrement les convois de navires marchands jusqu’à l’arrivée au dessus de l’océan de nos aviateurs canadiens et de leurs bombardiers Liberator. Leur base opérationnelle était située à Gander, Terre-Neuve.
La date du 11 novembre coïncidait avec la tenue d’une réunion du conseil municipal de Saint-Donat. Avant l’ouverture de la session, une courte cérémonie a permis de rendre hommage à monsieur André Gaudet, président de l’organisme à but non lucratif appelé « Les Gardiens du Liberator ». Dans un premier temps, le maire, Joé Deslauriers, a lu une lettre rédigée par Steve Sanderson, neveu du pilote de l’avion fatidique. Celui-ci y soulignait « l’engagement continu (d’André Gaudet) à préserver à la fois le lieu de l’écrasement du Liberator Harry et le souvenir des 24 aviateurs .. qui ont tragiquement perdu la vie au sommet de la Montagne Noire en 1943 ». Il ajoutait : « Merci à ce conseil et à tous les conseils précédents pour leur dévouement continu à toutes les questions reliées au Liberator (Harry) ». Monsieur Stevenson précisait qu’André avait déjà reçu une première reconnaissance – soit la Médaille du souverain pour les bénévoles – mais que la municipalité de Saint-Donat veuille poser un geste complémentaire d’appréciation le touchait profondément.
Le maire de Saint-Donat a donc procédé à la remise de la « Clef de la municipalité » à André Gaudet pour souligner sa contribution au développement éco-touristique de notre région. On l’a également invité à signer le Livre d’or de la municipalité. On sait tous que l’aménagement et l’entretien assidu du site de l’écrasement ont grandement contribué à attirer dans notre région des milliers de visiteurs qui chaque année utilisent le sentier de l’Inter-Centre pour accéder à ce lieu historique. Ce que vous ne savez peut-être pas encore c’est que l’armée canadienne utilise même ce sentier pour l’entraînement des troupes. C’est très impressionnant, m’affirme mon épouse, de voir tous ces soldats fortement équipés attaquer nos pentes au début de l’hiver. Elle a bel et bien été témoin d’un tel déploiement !
Merci André pour ton dévouement à cette cause et merci, au nom des 24 jeunes militaires décédés sur notre territoire en 1943. Comme je viens de le souligner, nous gardons le lieu vibrant de présences d’ici et d’ailleurs.
Photos par Jacques Cotnoir