À propos de notre bibliothèque
Deuxième partie : Rachel, Anita, Michelle et Joanne
Dans une premier article je faisais l’histoire de la bibliothèque municipale, cette fois j’essaierai de rendre justice aux quatre femmes qui ont créé un lien essentiel entre la population tant passagère que bien ancrée à Saint-Donat et cet établissement public responsable de favoriser et de maintenir le goût de la lecture donc de la culture.
Il y a un profil de la bibliothécaire et ce profil ressemble beaucoup à celui d’une enseignante. D’ailleurs Rachel Coutu a enseigné cinq ans puis a fait partie de la commission scolaire de Saint-Donat à titre d’administratrice au sein d’un comité regroupant plusieurs commissions scolaires. C’est là qu’elle a entendu parler d’un organisme provincial qui permettait à toutes les municipalités l’accessibilité à une bibliothèque. « Je trouvais que nos jeunes n’avaient pas ce qu’il fallait. Je voulais donner et même plus. Créer une relation de confiance avec les enseignants qui n’avaient pas le temps de tout faire. J’avais une excellente mémoire et j’avais toujours aimé la lecture alors, avec Anita, on a fait beaucoup de bénévolat ». Anita, c’est Anita Desmeules qui comme ses collègues et amies vient d’une des familles dites pionnières de Saint-Donat. Son père était le boulanger du village et son commerce était alors situé en face de la boulangerie actuelle. Joanne est une Riopel, Michelle est une Saint-Georges et Rachel parle encore de Césaire Coutu son arrière-grand-père. Ce n’est pas anodin. Ces femmes ont bien plus que de l’entregent pour rendre service à la clientèle, dépanner quelqu’un, se tenir au courant des parutions et suggérer des lectures. Elles connaissent les gens et même leur histoire. « À force de voir quelqu’un, on peut constater des choses qui reviennent ou des élans qui nous donnent des indices ». La bibliothèque c’est souvent un lieu de partage, de patience et de bonté. Certaines personnes disent que c’est un refuge, un endroit où se rafraîchir l’été et se réchauffer l’hiver tout en étant en contact avec des professionnelles qui leur permettent de s’exprimer, de communiquer et de se développer. Lors de mes visites j’ai rencontré des visiteurs aux connaissances très pointues, des professeurs, des gens qui possèdent une formation universitaire de deuxième cycle et des visiteurs étrangers vraiment satisfaits de l’ambiance calme et accueillante de notre bibliothèque.
Comment je sais tout ça ? Je regarde les plaques des voitures, je suis passionnée par l’humain, très curieuse et j’en pose des questions ! Comme je l’écrivais le mois dernier, ne manquent que des bancs à l’extérieur, sous les lilas, pour jaser un peu.
Est-ce qu’une bibliothécaire aime sortir de l’espace bureau ? « Mets-en » s’écrie d’emblée Rachel. « Pour le logo de la bibliothèque on a fait un concours dans les écoles. Les enseignants nous appuyaient beaucoup, on a donc étudié les dessins soumis bien sérieusement. C’est Marcel Granger, le fils de Nora et Victor, qui a gagné. Ce logo a été maintenu depuis tout ce temps ». « Ensuite il y a eu le concours ‘Détectives à vos livres’ pour attirer les enfants à l’heure du midi. On lisait des livres et on faisait des cartes de participation sur lesquelles les enfants devaient répondre à des questions.
Avec la complicité de la directrice d’école, madame Martine Saint-Germain, on a nommé le meilleur lecteur. C’était le fils de Lina et Jacques Richer, Benoît. Vous dire comme il était fier… ». Rachel poursuit : « On voulait tellement aider les gens, leur donner le goût de la lecture. Pour vraiment aller les chercher, on se promenait dans Saint-Donat avec un haut-parleur sur une voiture, celle de Michel McNicoll. On annonçait l’arrivée de nouveaux livres, des spectacles aussi dont celui de Gilles Vigneault ». Les bibliothécaires et les bénévoles se sont aussi beaucoup intéressées aux gens âgés des résidences et du Foyer. Vous savez, Rachel, Anita et Michelle se sont longtemps fait un devoir d’aller elles-mêmes acheter les livres. Elles savaient que telle personne préférait tel type de littérature et elles achetaient le livre qui lui convenait. Bien sûr « avec le budget qu’on avait ». Elle s’interrompt tout à coup pour me dire de souligner le bénévolat de Madeleine Bourin-Gagnon qui est venue à tous les mardis pendant 20 ans.
Depuis les choses ont changé. La bibliothèque est un service municipal avec une structure et une organisation différentes mais je crois que les cadres supérieurs reconnaissent l’importance de la bibliothèque comme portail pour la communauté. Nos bibliothécaires ont vraiment une vision stratégique de leur travail et une incroyable aptitude à faciliter le changement lorsqu’il s’avère nécessaire. L’évolution n’est pas un procédé immédiat mais plutôt un long processus teinté de jolies trouvailles. Il y a la participation à des fêtes comme la Fête de la famille, la Fête de l’eau pure, la Fête de Noël, etc., les rencontres occasionnelles avec les auteurs, le coup de cœur de février et le concours Lectures d’été Toronto-Dominion (à la grandeur du Québec).
J’aime bien le jeu « Partez avec un inconnu » qui consiste à choisir un livre recouvert d’un papier beige tout à fait neutre qui ne laisse pas d’indice sur son contenu mais qui laisse du bonheur après la lecture. Je suis aussi assez touchée par « Une naissance, un livre » qui permet à une future maman qui inscrit son bébé à la bibliothèque de recevoir un sac cadeau très bien garni et peut-être un bon d’achat dans une librairie.
Et puis il y a le musée de monsieur Yvon-Paul Simard qui porte sur les différents outils qui ont façonné l’histoire des travailleurs forestiers. Le musée est situé à la bibliothèque même et on peut le visiter les samedis en après-midi. Parfois des livres ou des objets anciens sont mis sur des lutrins et captent l’attention comme les magnifiques photos et tableaux exposés sur les murs et mis en valeur par la lumière naturelle des grandes fenêtres. Tous ces concours, toutes ces expositions requièrent la très généreuse assistance des bibliothécaires que je voudrais mieux personnifier pour terminer mon article. Ayant demandé à leurs complices d’énoncer leurs qualités les plus évidentes, j’ai obtenu ceci. Rachel, mon Dieu, on lui doit tant : organisée, dynamique, juste, très travaillante, fidèle, une femme de parole et de mémoire. Anita, c’est l’écoute, la sagesse, la franchise, la fidélité, la générosité. « Quand on passe des heures et des heures à travailler avec quelqu’un, ces qualités sont inestimables ». Michelle, c’est une amie curieuse de tout ce qui fait surgir l’émotion et grandir les grands comme les petits, expansive, facile à vivre et même ricaneuse. Ajouterai-je comme pour Joanne, très très généreuse ? C’est le qualificatif qui les définit indéniablement. Joanne a aussi une belle naïveté, de la spontanéité et une excellente mémoire des chiffres et des codes. Voilà. C’est pour ça que les petits, les grands qui n’en finissent plus de grandir, les gens de l’été, les gens qui passent et nous tous de Saint-Donat leur disons ‘merci’.
Source : Journal Altitude, Nicole Lajeunesse