Accomplir un rêve et enrichir Saint-Donat grâce à Perspectives.

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Accomplir un rêve et enrichir Saint-Donat grâce à Perspectives.

Deuxième partie

Avant d’aborder les activités du Programme et services à l’élève de Perspectives qui ouvrent une large fenêtre d’opportunités à des étudiants anglophones en immersion totale à Saint-Donat, je voudrais remercier celles et ceux qui ont permis la réalisation du projet. Il y a un tel crescendo entre une sensibilité personnelle, l’ébauche d’un plan, l’identification ferme des objectifs, l’étude de faisabilité, la recherche de lieux appropriés, et l’ouverture de gens de cœur et de pouvoir pour assurer la permanence d’une entreprise de cette importance.
Clare Linton et Mel Shea parlent de leurs bienfaiteurs avec une dévotion que je qualifierais de farouche. L’aventure a commencé avec monsieur le maire André Picard qui « a ouvert notre rêve à la municipalité » dit Clare ajoutant qu’il l’a encouragée à aller devant les décideurs. C’est ainsi que Perspectives a entretenu un partenariat avec le Mont Garceau depuis trente ans. Elle me reparle du Manoir des Laurentides, d’Anne et Daniel Garceau, de Marcel Gauthier bien sûr pour préciser que présentement, sous la direction de Martin Gauthier et avec l’équipe de Marc Loisel, Perspectives continue d’avoir cette relation importante pour l’économie de Saint-Donat. Ici je dois dire que j’ai malencontreusement parlé de La Réserve le mois dernier alors même que Clare n’a jamais été liée à ce centre de ski.
Lorsque le Manoir des Laurentides a fermé ses portes, c’est monsieur le maire Pierre Poudrier « qui a été un ange pour nous » affirme Clare. Il a suggéré L’Étoile du Nord pour remplacer le Manoir. Encouragés par monsieur le maire Joé Deslauriers et madame Sylvie Villeneuve, Clare et Mel ont rencontré sœur Pierre-Anne Mandato, directrice des œuvres provinciales des Sœurs de Charité de Sainte Marie, qui a été d’une bonté et d’une aide exceptionnelle en faisant en sorte que sa communauté investisse 2 millions de dollars pour rénover et adapter les lieux afin que 200 élèves à la fois vivent l’expérience Perspectives. Sœur Marie-Hélène Sirois, la directrice du camp M.L. Clarac (pour Mère Marie Louise Clarac) et monsieur Robert Rivest, le gérant de l’Étoile du Nord ont travaillé avec Perspectives pour assurer le succès de cette nouvelle aventure. La supérieure provinciale de la communauté est Mère Marie-Josée Marcoux. Il faudrait écrire un long article sur cette communauté très dynamique et depuis longtemps ancrée dans notre milieu.
Maintenant ouvrons la porte de l’Étoile du Nord et suivons les élèves au Mont Garceau. Ces derniers ont vite en main un passeport qu’ils ne devront jamais perdre. Ce n’est pas un passeport dans lequel on estampille des pays visités mais plutôt qui aborde notre lieu et son histoire. La nation atikamekw encore vivante dans la communauté de Manawan, la fondation de Saint-Donat, les défricheurs qui y vivaient déjà, une carte du Mont Garceau, la courbe de la météo, un code de sécurité, un jeu d’estampes avec tirage, un lexique du parlé québécois et surtout la découverte et l’explication de nos principales légendes. On y parle même de nos tartes au sucre ! S’ensuivent une auto-évaluation et, bien sûr, une page d’autographes qu’on vous offre de signer. Ce passeport, en français, est attrayant et utile.
Je pourrais vous raconter pendant des pages et des pages les activités de ces jeunes. Vous seriez renversés comme je l’ai été. Je vous l’ai dit : c’est la plus belle proposition pédagogique que j’ai vue de ma vie et je passe pourtant mon temps le nez dans des bouquins. Je parlerai donc d’une partie du programme en insistant sur le fait que tout, absolument tout, se déroule en français, depuis l’arrivée jusqu’au départ.
Au début, après un bon souper comme tous les repas servis à l’Étoile du Nord, il y a un rassemblement dans une salle où les moniteurs et les élèves sont regroupés selon des légendes québécoises pour tous les projets du séjour. S’ensuivent des jeux extérieurs puis un spectacle et une danse sous étroite surveillance. Le lendemain, s’amorce une activité d’enquête au village où les élèves rencontrent les gens et posent des questions afin de mieux connaître le milieu. On suggère comme tâche complémentaire d’écrire une carte de remerciement à ses parents ou à la personne qui les ont aidés à venir à Saint-Donat. Ensuite, c’est l’atelier de musique dans le contexte d’un studio d’enregistrement et avec un musicien professionnel. En après-midi ? Ski alpin ou planche à neige : tous sont obligés de suivre une leçon de deux heures donnée en français par un instructeur qualifié pour qu’ensuite il y ait une période de ski ou de planche libre. Le soir, grands jeux extérieurs suivis d’une veillée autour du piano accompagné d’une variété d’instruments de musique. Il y a toujours aussi des jeux linguistiques qui permettent de faire des découvertes quant au passé et au présent de la langue française.
Le troisième jour, on fait encore du sport au Mont Garceau puis c’est l’atelier d’écologie dans le cadre d’une salle représentant le village de Saint-Donat en 1888. La dramatisation est suivie d’une randonnée en ski de fond en forêt (4 ou 6 kilomètres selon les capacités individuelles) où on observe et apprend. Croyez-le ou non, après un souper servi aux tables en français, les jeunes vont encore jouer dehors : raquette avec lampes frontales, glissade, ballon-balai. J’ajouterai un spectacle de musique avec trois musiciens professionnels, du théâtre où les élèves jouent les personnages de la légende attribuée à leur groupe, de la danse et des activités coopératives de cirque ou de jonglerie sous les yeux attentifs de jongleurs professionnels. Tout ça en une journée.
La tâche de Clare, de Mel et d’Heather Depew directrice générale est à mes yeux incommensurable et le résultat est du jamais vu. Créer de nouvelles amitiés, augmenter l’autonomie et la confiance en soi des jeunes,découvrir l’environnement et apprendre d’autres valeurs tout en rencontrant au fil des ans des élèves aux besoins particuliers (une jeune fille aveugle accompagnée d’un spécialiste, des enfants avec déficit d’attention ou une élève affligée par le spina bifida). L’expérience Perspectives fait croître l’intelligence émotionnelle chez les élèves c’est-à-dire la capacité à s’adapter à une situation, à choisir selon les circonstances, à comprendre, à s’apaiser. Dorénavant cherchons avec curiosité et émerveillement les empreintes que laissent les élèves de Perspectives sur nos trottoirs enneigés et sur les abords du Mont Garceau.

Source : Journal Altitude, Nicole Lajeunesse