Pour plusieurs d’entre nous, l’histoire de Saint-Donat a toujours été associée à l’exploitation forestière, du moins au début. Mais il ne faudrait pas oublier l’agriculture. Certes, ce n’était pas la grande culture maraîchère comme elle se pratiquait dans les paroisses du Sud, mais il fallait bien se nourrir et pourvoir aux animaux de la ferme et de travail. Les agriculteurs de Saint-Donat pouvaient compter sur le moulin à farine des Coutu pour moudre leur grain, mais encore fallait-il pouvoir acheter les graines de semence. Pour y arriver, seule l’entraide chez les agriculteurs pouvait résoudre le problème.
Le Cercle agricole de la mission de Saint-Donat Les premiers cercles agricoles au Québec remontent à 1862. Bien qu’il semble qu’une fromagerie ait fonctionné dès le printemps 1895, les cultivateurs ne s’organisent vraiment qu’à l’automne 1899 où ils fondent le Cercle agricole de la mission de Saint-Donat. En janvier 1900, le Cercle est formé de Jos Brisson, Omer Lavoie, Wilfrid Aubin, Moïse Coutu et Delphis Beauchamp comme directeurs, de Léandre Coutu à la présidence, et de F.X. Lacasse au poste de secrétaire-trésorier. Cette année-là, on compte 59 membres. Parmi les objectifs visés par les cercles agricoles, soulignons pour Saint-Donat l’achat en commun de graines de semence et d’animaux de race pour la reproduction. L’été, sur le perron de l’église, les discussions s’animent pour savoir qui gagnera le prochain concours agricole.
En 1910, le concours porte sur la récolte sur pied. Les juges Xavier St-Amour, Abraham Lavoie et Joseph Beauchamp font leur visite à la mi-juillet. Malheureusement, les registres ne donnent pas les gagnants.
Ancêtre d’une Caisse Populaire En 1916, le Cercle agricole fait un nouveau pas ; il souscrit une part de 10$ au Comptoir Coopératif de Montréal et, curieusement, il achète une part de 5$ à la Caisse Populaire de Saint-Donat de Montcalm. Je dis curieusement parce qu’on sait que la Caisse Populaire de Saint-Donat a été fondée en 1949, alors, aurait-on fait un premier essai d’implanter une Caisse Populaire avant 1949 ? La question est posée.
Si, depuis 1916, on transige beaucoup avec le comptoir de Montréal, il en était autrement avant. Ainsi, en 1900, Jos Brisson est délégué par le Cercle agricole pour acheter deux cochons enregistrés à Saint-Lin (Ville des Laurentides) au coût de 26$. En 1902, Honoré Aubin se rend à Berthier pour faire l’achat d’un taureau enregistré qu’il paie 40$.
Quelques beurriers En 1919, le Cercle agricole acquiert une beurrerie. Il doit s’agir de celle de Ervinie Beauchamp, située au coin de la montée non loin de la maison de Mme Marc Godon. D’autre part, on sait que vers 1922-23, une beurrerie fonctionne sous le nom de la Société des Patrons. Probablement celle achetée par le Cercle puisqu’elle est sur le lot no 19 du 2e rang Lussier. Outre Ervénie Beauchamp (fils de Delphis et de Délima Lacasse, il épouse le 24 septembre 1911 Marie Gagné à Ottawa), d’autres pratiquent le métier de beurrier. En 1906 Henri Beauchamp, le frère de Ervinie, fabrique 15,000 llbs de beurre qu’il vend 0,27 1/2$ la livre. De 1908 à 1910 environ, Sinaïe Simard exerce le même métier. Il est le fils de Wilfrid Simard et de Mélina Forget. Il épouse le 23 août 1904 à Saint-Donat Corinne Coutu, la fille de Césaire et de Julie Lambert. D’après les documents consultés, les activités du Cercle agricole cessent vers 1929. Ce qui coïncide avec la grande dépression.
Photo-vignette : Les grands champs de culture prédominent le paysage du rang double au lac Ouareau. Nous sommes en août 1928. En regardant vers le sud, à gauche le lac Ouareau, et à droite le lac Beauchamp.
Source : Claude Lambert, anthropologue-historien, Journal Altitude 1350. Février 1991