Pour souligner le centenaire de leur municipalité, les citoyens de St-Donat ont voulu se rappeler l’histoire de leur région et désirent, en publiant cette brochure, rendre hommage à tous ceux qui ont participé à son essor.
Le Comité du Centenaire de St-Donat espère que cette brochure vous sera utile et que vous serez ‘’donatien’’ sous peu… si ce n’est déjà fait.
Extrait de la brochure du Centenaire de Saint-Donat – 1974
LES DÉBUTS DE L’ÉPOQUE DU CURÉ COUTU.
‘’Vous avez foulé un sol riche, reconnu fertile, habitable partout, à une exception près, dans le quatrième rang de Doncaster, où une montagne et quelques arpents de savane constituent un obstacle sérieux au défrichement de quelques lots à l’ouest du chemin….La direction générale de la longueur est Sud et Nord. La côte ouest est une montagne unie, couverte de bois franc, qui court tout le long du lac Archambault. Le coté nord-est où le chemin sera ouvert est un terrain uni et plat, élevé seulement de quelques pied au-dessus du niveau de l’eau, couvert de gros et long bois, et qui s’étend sur la droite à une grande distance. Ce grand lac déverse dans le lac Ouareau par une rivière considérable. A l’extrémité nord du lac, à l’endroit où prend la rivière, il y a une chute d’eau d’environ quarante pieds admirablement disposée pour un puissant pouvoir d’eau. Les deux côtés de la rivière en descendant de quatre milles jusqu’au lac Ouareau sont de beaux terrains plans et partout colonisables….A un mille à l’ouest de la chute commence une érablière que l’on prend une journée à traverser. Enfin, il y a là, dans ces endroits, sous le rapport de l’eau des terres et des bois, tout ce qu’il faut pour former un noyau de colonisation qui s’épanouira jusqu’aux rives de la Mattawa’’.
Pendant qu’à Québec l’honorable Louis Archambault ministre de l’Agriculture et des Travaux publics, écoute ce rapport sur la construction du Chemin Masson, les Charbonneau vivent paisiblement en bordure du lac Archambault. Trappeurs réputés, ils se soucient peu des rêves d’expansion du gouvernement et leur adresse en forêt leur vaut l’admiration des quelques indiens qui circulent encore à travers le territoire. Nous sommes en 1869.
Un jour, quelques Indiens se rendent à Joliette pour y vendre leurs pelleteries. Traversant Saint-Jean-de-Matha, ils y rencontrent les frères Léandre, Césaire et Régis Coutu, à qui ils suggèrent de s’installer dans un territoire merveilleux, où les lacs et les rivières sont incroyablement riches en poissons, le gibier abondant, la nature magnifique. Il s’agit de la région du lac Archambault et du lac Ouareau. Pendant deux ou trois ans, les frères y passeront des périodes de plus en plus longues et se préparent à installer leur famille.
Leur frère Alexis-Henri, prêtre, les accompagnera afin d’inciter d’autres familles à se joindre à eux. Il sera officiellement nommé curé de la paroisse en 1874, année de la fondation de Saint-Donat. A partir de ce moment, les frères Coutu multiplient les initiatives, et bientôt les colons qui s’installent dans la région peuvent y trouver un moulin à scie, un moulin à farine et une modeste chapelle. C’est l’époque héroïque, et les anciens de la région se souviennent d’avoir entendu parler de ‘’Marie-la-Sauvagesse’’, une indienne qui soignait, guérissait parfois et agissait comme sage-femme. La plupart des colons arrivaient par le chemin de Rawdon (le chemin Coutu), démunis de presque tout, leur tâche première était de se défricher un lot, c’est-à-dire un espace pour construire et pour semer le sarrazin, l’avoine, les légumes. Les plus fortunés possédaient quelques poules, une vache parfois, des cochons, des moutons.
A l’origine, on compte une douzaine de familles, dont les Coutu, les Charbonneau, les Gaudet, les Lavoie, les Mousseau, les Beauchamp, les Simard, les Ritchie, Champagne, Nadon, Michauville, Aubin, Brault, Issa.
Le grand problème de cette époque était l’isolement. Les chemins étant impraticables la plus grande partie de l’année, les habitants devaient absolument se suffire à eux-mêmes. Ils développèrent ainsi un grand esprit d’entr’aide, de débrouillardise, de courage. La vie n’était guère plus facile qu’à l’époque de la Nouvelle France : les femmes tissaient linge et vêtements, fabriquaient les chaussures, on allait chercher l’eau à la rivière, hiver comme été, il n’était guère question d’école.
En 1882, une requête est instituée à l’évêché de Montréal pour changer l’emplacement de la paroisse, c’est-à-dire de l’église. La plupart des colons trouvaient en effet trop grande la distance à parcourir et ne voyaient pas la possibilité de développer un village viable autour de l’emplacement original. Le changement fut effectué en 1885, et l’église construite dans ce qui est aujourd’hui la municipalité de Saint-Donat. Cet événement marque, d’une certaine façon, la fin d’une première époque pour Saint-Donat : celle du Curé Coutu.
Lors du prochain extrait, nous parlerons de la colonisation.
LA COLONISATION
La période de tentative de colonisation agricole fut, dans la région, relativement courte. Elle s’achève définitivement vers 1915, mais déjà au tournant du siècle une forte proportion de la population active avait abandonné la culture pour ne plus tirer sa subsistance que des travaux ‘’de bois’’, c’est à dire de l’industrie forestière qui commençait à s’implanter. La culture agricole, encore pratiquée, n’avait d’autre but que les besoins de la famille ; les colons avaient abandonné tout espoir de gagner leur vie avec la terre. Le climat ne le leur avait du reste jamais permis.
En 1889, Saint-Donat comptait donc une trentaine de familles. Quinze ans après sa fondation, les problèmes majeurs demeuraient des problèmes de communication : les routes, le courrier, l’isolement.
A cette époque, la seule voie de communication était le ‘’chemin de Rawdon’’, aujourd’hui la route 18 (devenu par la suite la route 125). Ce chemin était à toutes fins pratiques inutilisable 9 mois par an, et jamais entretenu. ‘’Je n’ai jamais vu de chemin semblable ; c’est tout simplement une monstruosité’’, écrivait en 1898 le curé Major à son évêque. Cette question du réseau routier a toujours été au centre des préoccupations de la population de Saint-Donat. C’est en 1915, par exemple, que les curés Guay de Saint-Donat et Fillion de Sainte-Lucie furent au centre d’un conflit célèbre, la route Saint-Donat/Sainte Agathe (aujourd’hui la route 329).
Pour des raisons pratiques, le curé de Saint-Donat s’objectait à ce que la route projetée passât par Sainte-Lucie, alors que le curé de Sainte-Lucie estimait quant à lui, que la route devait traverser son village. Ce conflit prit des proportions telles que des équipes de travailleurs de Saint-Donat furent accueillies à Lantier, un jour qu’elles s’y rendirent pour travailler à la route, par des habitants de l’endroit armés de fusils de chasse et qui, comme dans les meilleurs westerns, ne leur permirent jamais de passer. L’affaire se termina avec l’arrivée de la police et l’arrestation des ouvriers de Saint-Donat, accusés d’avoir coupé des clôtures ! Maxime Riopel fut le contremaître emprisonné pour ce geste.
Cette querelle devait durer 15 ans. La route Saint-Donat/Sainte-Agathe ne devait être parachevée qu’en …1930. Et même ce chemin, à cette époque tardive, demeurait fermé l’hiver. Ce n’est qu’en 1945 que Sant-Donat fut relié à l’année longue aux autres villes du territoire. Le maire de la municipalité, cette année-là, s’appelait R. Coutu ; il était le petit-fils de Césaire Coutu, un des pionniers.
Jusqu’à l’ouverture des routes par le gouvernement, les gens de Saint-Donat ne restèrent cependant pas inactifs. Les chemins étaient ouverts sous la responsabilité de chaque cultivateur. On ‘’tapait’’ le chemin à l’aide de lourds rouleaux de bois tirés par des chevaux, en sorte qu’à mesure que l’hiver avançait le chemin devenait de plus en plus surélevé et se trouvait ainsi protégé des tempêtes, puisque le vent ‘’balayait’’ la route et la rendait encore plus dure. Il se trouva même un commerçant de Saint-Agathe, qui dépositaire de l’agence de bière de la région, résolut de faire payer les usagers. Or ne pouvant, simple particulier, faire payer les usagers d’un chemin public, il incurvait le chemin à intervalles réguliers, pour le faire passer sur le terrain d’un cultivateur pendant quelques dizaines de pieds. Le voyageur, forcé de suivre la route là où elle allait, se voyait alors gentiment soulagé de 25 cents, après quoi la route s’incurvait à nouveau et redevenait normale….jusqu’au prochain détour ! Il y eu même des ‘’comités de chemins d’hiver’’ qui durèrent jusque vers 1945. Ces comités organisaient toutes sortes de manifestations afin d’amasser suffisamment d’argent pour ‘’ouvrir’’ les routes ; tombolas, danses, soirées, etc.
En dépit de ces efforts remarquables, la tâche n’était pas toujours assurée et de toutes manières l’ouverture des routes était, en toutes saisons sauf l’été, difficile à réaliser et presqu’impossible à assumer financièrement.
Cette question des routes signifiait également la question du courrier. Un exemple, ici, suffira : ‘’En 1938, monsieur Aubin était responsable de la poste. Il lui fallait deux ‘’teams de chevaux’’, un pour aller au lac Creux, l’autre pour se rendre à Sainte-Agathe. Quand arrivait le printemps les chevaux en calaient au ventre. Même les snowmobiles ne servaient à rien. Pour les petits bouts ou ça allait bien, on prenait les chevaux. Pour d’autres bouts, il fallait atteler des chiens. Entre Lantier et Saint-Donat, il y avait la ‘’grande savane’’. Au printemps, quand le coup d’eau arrivait, ça se remplissait d’eau ; c’est un phénomène naturel, on n’y pouvait rien. On mettait alors le courrier dans une chaloupe pour traverser le demi-mille de la savane. Puis, de l’autre côté, les chiens reprenaient le courrier.’’ (Jules Tourangeau)
Le snowmobile dont il est question était une création de Donat Raymond, un citoyen de Saint-Donat. ‘’C’était de l’artisanat, raconte encore Jules Tourangeau. On prenait de préférence des Ford d’été. On enlevait les roues, on se faisait venir des roues spéciales avec des engrenages dans les pneus. On installait des ponts qui ressemblaient aux ponts de tracteurs, on coupait l’essieu, on installait des patins, on construisait une boite en bois par-dessus, on changeait les sièges de place car le snowmobile devait suivre les tracés étroits faits par les chevaux’’. Les citoyens de la région se débrouillèrent avec cette machine pendant une dizaine d’années, soit à peu près de 1935 à 1945.
Comment, durant toutes ces années de colonisation, vivait la population de Saint-Donat ? Quelques progrès furent d’abord réalisés au chapitre de l’enseignement. On accueillit d’abord une institutrice qui ‘’faisait l’école’’ chez elle. Par la suite, une petite école fut construite, et un rapport de 1899 se lit ainsi : ‘’L’assistance à l’école varie considérablement. Dans la belle saison, l’assistance est très bonne ; en automne (nov., déc.), elle est moyenne ; en hiver (mars), elle est presque nulle. La moyenne de l’assistance est actuellement de 35. Les vacances se prennent en hiver (janv., fév.). Les causes de la diminution de l’assistance dans la mauvaise saison sont la trop grande distance de l’école, 2e mauvais état des chemins, 3e absence des hommes pour le travail des chantiers. Remarque : plusieurs enfants ne peuvent venir à l’école à cause de la distance’’.
Il est remarquable de constater l’ampleur des familles dans la région de Saint-Donat à cette époque. Citons un exemple : Monsieur Pierre Simard eut 18 enfants d’un premier mariage, épousa en secondes noces une femme qui en avait déjà 8 et de laquelle il eut lui-même 6 enfants. Total : 32 enfants à nourrir. Inutile d’ajouter que les repas se prenaient en trois ‘’vagues’’ successives. Tous les anciens de Saint-Donat vous avoueront cependant qu’ils ont toujours mangé ‘’leurs trois repas par jour’’, et que la vie, par ailleurs, était fort joyeuse ; réunions, activités en forêt, glissades en hiver, pêche et chasse, etc. ‘’On cultivait un peu, raconte M. Joseph Gaudet. Il n’y avait pas d’autre ouvrage. Il n’y avait pas de touristes dans le temps. Des fois, j’allais à la chasse avec mon grand-père. Il étendait des collets et il faisait des pièges. Il m’avait fait un petit traîneau ; je le suivais derrière en raquette. Quand il y avait quelque chose aux pièges, on mettait ça dans la boite…..Un lièvre se vendait cinq cents, une perdrix, dix cents. Il y avait aussi la pêche. On prenait de la truite ; La truite rouge se vendait entre quinze et vingt cents la lb. La grise, c’était cinq cents ou dix cents la livre’’.
Les enfants, on le voit, participaient étroitement à la vie de société. Dès qu’ils étaient assez ‘’grands’’, par exemple, ils faisaient partie des équipes qui combattaient les feux de forêt. Car en dépit des précautions, il arrivait des accidents à la suite de la mise à feu des abattis ; dans de tels cas, c’est toute la population qui était mobilisée. Il arrivait également que des feux se déclarent à la suite d’orages électriques, et il est arrivé …en 1941… que l’on fasse appel à l’aide de l’armée. S’il arrivait que par malheur un colon ‘’passe au feu’’, on faisait un bi ; tout le monde se réunissait pour reconstruire sa maison, lui fournir des animaux pour recommencer son installation, assurer sa subsistance en attendant qu’il puisse de nouveau subvenir à ses besoins.
L’ouverture du ‘’rang’’ nouveau était menée de la même manière : tous construisaient pour chacun. Mais la terre étant ce qu’elle est dans les Laurentides, et les moyens de communication se développait aussi lentement, il n’est pas certain que Saint-Donat se soit développé comme il l’a fait si deux événements successifs ne s’étaient produits, qui allaient orienter différemment les activités de sa population ; l’industrie forestière s’installait au tournant du siècle, et le tourisme prenait son essor après la guerre.
LE TEMPS DES LUMBERJACKS
C’est vers le tournant du siècle que sont arrivées dans la région les premières entreprises d’exploitation forestière. Pour Saint-Donat, cette arrivée a signifié le passage à une vocation économique en accord avec le milieu physique. En même temps la population qui jusqu’alors n’avait pratiquement pas utilisé de monnaie, entrait dans une économie moderne. Comment était cette époque ?
Rien de mieux que de se l’entendre raconter par Jules Tourangeau.
‘’L’hiver, c’était seulement des lumberjacks. Des gars de Sainte-Agathe et de la région venaient bûcher à Saint-Donat. Il y a eu d’abord Lac Ouareau et Charlemagne Lumber, ensuite la Consol’ et d’autres compagnies moins importantes.
Il y avait deux sortes de bois ; le bois de papier et le bois de sciage. Il y avait donc deux ‘’gangs’’ de bûcheux : ceux du bois mou et ceux du bois franc.
Le bois de Saint-Donat a toujours été transporté par eau. De Saint-Donat on se rend à Trois-Rivières par voie d’eau. Très tôt on a utilisé l’énergie des rivières pour un moulin à scie.
Avec les compagnies, c’était différent. La compagnie elle, coupait le bois mou en quatre pieds et le versait ensuite dans les lacs et les rivières. Par exemple si on coupait sur le lac Archambault ou en haut du lac, sur la rivière Michel, là on jetait le bois dans la rivière Ouareau ; là, ça descendait pour aller jusqu’au lac Blanc, encore dans la rivière Ouareau, par Rawdon, sur la rivière Assomption jusqu’à l’Assomption. Là, il y avait des barges qu’on chargeait de pitonne, et ça s’en allait à Trois Rivières. C’était tout par eau ; on appelait ça ‘’faire la approuvements’’.
LES APPROUVEMENTS
La drave se faisait au printemps quand l’eau des rivières était haute. Par la glace et les tonnes de pitounes il se formait des barrages qui élevaient le niveau de l’eau démesurément, faisaient sortir la rivière de son lit et aussi le bois qui y flottait sur des distances de un mille de chaque côté de la rivière. Les approuvements c’était le travail qui consistait à récupérer ces pitounes, ça durait tout l’été
Primairement :
Le bois franc (dur) ne flotte pas pour draver le bois franc il fallait lui faire un radeau avec du bois mou en reliant deux billes de bois mou aux extrémités avec des courtes chaînes et on installait la bille de bois franc entre les deux.
La compagnie mettait des hommes sur le bord des cours d’eau ; on coupait les branches, les corps morts qui tombaient, on dynamitait les roches qui nuisaient. La rivière était belle ; on faisait des ‘’dams’’. C’est là qu’on apportait le bois coupé. Quand la fonte des glaces était bonne, le coup d’eau arrivait, on ‘’sloussait’’, c’est-à-dire qu’on ôtait le barrage. Alors, le bois descendait. Il y avait des hommes de chaque côté avec le cuisinier, un cheval qui trainait toute la ‘’réguine’’ du cuisinier et les tentes de toile.
Quand on arrivait sur les grands lacs, c’était pas pareil. La compagnie avait un bateau à vapeur avec un fond plat et des aubes de chaque côté : on appelait ça un ‘’alligator’’. Toute la population de Saint-Donat l’appelait le steamboat de la compagnie.
Au lac Archambault, j’ai vu 35,000 cordes de bois, une corde bois, ça mesure huit pieds de long, quatre pieds de haut et quatre pieds de large.
Arrivé à l’embouchure du lac Ouareau, on attachait une chaîne à un tronc d’arbre et par un système de poulies, le bateau montait sur terre. Il se traversait tout seul grâce à son fond plat.
On encerclait le bois mou de 4 pieds avec de longs arbres reliés entre eux avec des chaines. Si le vent s’annonçait trop violent on dissimulait le bois dans une des grandes baies à l’abri du vent, car, par la vague, le bois passait par-dessus le cercle des billots enchainés et il fallait récupérer le bois qui était sorti de l’enclos.
Les gars travaillaient très fort : dans la glace et dans l’eau, du matin au soir. Leurs bottes ne servaient à rien ; il aurait fallu des combinaisons de plongée sous-marine. Ils gagnaient $1 ou $1.50 par jour en 1938.
A cette époque, tous les gars sans exception partaient à l’automne pour aller couper du bois. La plupart, pour la compagnie, quelques-uns pour les petits contracteurs. Il y avait des gars du village mais il y avait aussi des petits cultivateurs. On montait dans le bois avec la ‘’réguine’’. Souvent, les gars montaient leur vache, leurs enfants, leur femme et alors, prenaient des sous-contrats. Si un contremaitre prenait un contrat de 30,000 cordes, il pouvait le diviser en sous-contrats de 500 cordes.
Ce qui a éliminé presque entièrement l’agriculture car le fumier qui était le seul engrais connu n’était pas à la ferme mais bien dans le bois.
Les hommes montaient de bonne heure l’automne. Ils se construisaient un camp rudimentaire en bois rond, une écurie, un hangar pour le foin. Ça prenait plus de nourriture pour les chevaux que pour les femmes. Il y a même eu des cas où les gars ont monté leurs poules. Une vache, c’était commun. Certains emmenait un cochon qu’ils nourrissaient avec les restants de table et qu’ils tuaient aux Fêtes pour avoir de la viande fraiche.
Les camps de bûcherons étaient toujours près de l’eau évidemment. Souvent, il y avait de grandes savanes en bordure des cours d’eau, ce qui compliquait le travail. Il y avait un endroit qu’on appelait la ‘’cache’’. Là se trouvaient le bureau de la compagnie et le magasin.
Le chemin qui menait du village à la cache était assez bien entretenu. Mais de là, c’était comme une étoile ; chaque petit contracteur avait une route qui menait au camp (de deux à sept milles). On ne pouvait transporter la marchandise sur des voitures ; on utilisait des ‘’jumpers’’. C’était une plate-forme posée sur deux troncs d’arbre et tirée par un cheval. On y plaçait des poches d’avoine, du beurre, de la graisse, de la mélasse, de la cassonade… Tous les jours, ce cheval alimentait les camps. On ne payait pas la nourriture. Ce que chacun prenait était enregistré dans les livres de la cache ; on soustrayait le prix de cette nourriture de la valeur du contrat. Souvent, un gars sortait du bois en devant plus de mélasse qu’il avait gagné d’argent. Il se disait qu’il s’était au moins hiverné. C’est sûr que les contracteurs faisaient de l’argent ; mais les petits ‘’jobbers’’, pas souvent. Ces ‘’jobbers’’-là, c’était souvent des cultivateurs qui prenaient le bois, et on les appelait les petits colons rétifs. La plupart des jeunes couples montaient leur femme et leurs jeunes enfants.
Dans le bois, c’était comme l’ancien temps. C’était les chevaux et la force de l’ouvrage.
Mais pour la population, ce type d’occupation allait également faire place à des activités infiniment plus rentables, et qui allaient donner à Saint-Donat l’essor qu’il connait aujourd’hui.
L’INDUSTRIE TOURISTIQUE
Dernière venue des activités importantes de la région, l’industrie touristique a cependant des antécédents dans l’histoire de Saint-Donat. Il y avait en 1915, une dizaine de vacanciers installés sur les rives du lac Archambault et guère plus que trois en bordure du lac Ouareau. Le curé Guay pourtant pressentait la vocation touristique de sa paroisse. Il demandait à son évêque, dès 1916, la permission d’organiser une colonie de vacances ‘’seule réalisation possible et rentable dans la région’’. La nature, en tout cas, justifiait largement l’intuition du curé Guay : lacs poissonneux, territoire de chasse exceptionnel, vallées, montagnes, air pur, etc…faisaient déjà de Saint-Donat ce brillant résumé des Laurentides. Déjà quelques individus, à l’instar des Indiens d’autrefois, servaient de guides de chasse et de pêche aux visiteurs fortunés qui pouvaient se payer ce paradis.
En moins de dix ans, des progrès décisifs allaient être enregistrés en ce qui a trait aux commodités de base ; les Coutu installent l’électricité, Hector Bilodeau se charge de l’aqueduc et Monsieur Thibault du téléphone. A partir de ce moment, la vie sera plus facile et Saint-Donat moins isolé. Le Chalet Saint-Donat, le Montagnard, le Château du Lac et le Blackgrave Inn ouvrent bientôt leurs portes. Les hommes délaissent peu à peu le bois et vendent des terrains, habiles de leurs mains, artisans dans l’âme, ils séjournent à Montréal, apprennent des métiers qu’ils exercent ensuite au profit de Saint-Donat. La Villa Fleurie se transforme en Jasper in Quebec, sorte de phénomène du monde de l’hôtellerie dans les Laurentides ; sa pente de ski, ses innovations aquatiques, ses activités originales et surtout sa grande table sont restées célèbres. C’est évidemment après la guerre, avec l’ouverture des chemins, que le tourisme a véritablement connu un essor spectaculaire. On construit le Manoir, La Réserve remplace le Blackgrave Inn et le Château du Lac entreprend une série d’importantes rénovations.
En bref, à l’approche des années cinquante, Saint-Donat effectue vigoureusement la conversion à ce nouveau type d’économie qu’est l’industrie du tourisme et s’apprête à devenir un des centres de villégiature toutes saisons les plus important et les plus agréables des Laurentides. C’est là l‘œuvre collective de tous ses citoyens et de quelques leaders remarquables.
Il y avait en 1915 trois villégiateurs au « lac Ouareau, ils sont aujourd’hui 20,000 dans la région. Saint-Donat a gagné ! Allez-y voir comme c’est beau.
Saint Donat, du plaisir à l’année longue.
Quels que soient vos goûts en matière de vacances, St-Donat a tout pour vous séduire.
Vous aimez la pêche et la chasse ? Vous trouverez dans la région des pourvoyeurs qui rendront votre séjour en forêt des plus agréables. Ils vous offriront gite et couvert dans des camps bien aménagés ; ils organiseront vos excursions en forêt et vous indiqueront les meilleurs endroits pour prendre le gibier et le poisson. Réputé pour sa chasse à l’orignal, à la perdrix, au chevreuil et au lièvre, également célèbre pour sa délicieuse truite mouchetée, St-Donat ne saurait vous décevoir.
St-Donat fut la première municipalité des Laurentides à dépolluer ses eaux et vous offre aujourd’hui des lacs oû l’on peut se baigner en toute sécurité. Les lacs Archambault, des Aulnes, Beauchamp, Baribeau, Bouillon, Sylvère, Provost, du Pembina, Croche, Blanc, Bœuf, Clef, Léon, Noir, Isidore, Major, Sombre, Long, Orignal et Lafrenière sont aussi invitants les uns que les autres. Chaque année, en juillet, la Fête de l’Eau Pure donne lieu à diverses manifestations récréatives.
Jaloux du calme et de la beauté de leur région, les estivants ‘’donatiens’’ préfèrent souvent la rame au bruit des embarcations motorisées. Cette attitude donne un caractère particulier à St-Donat et ajoute au plaisir de ceux qui fuient le vacarme assourdissant des villes.
Quoi de mieux qu’une promenade en montagne pour se purifier les poumons ? Si vous vous sentez l’esprit audacieux, vous pouvez toujours opter pour de l’alpinisme en bonne et due forme. Les principaux hôtels vous offriront alors les services de guides qualifiés. Le pic de Johannsen du Mont Tremblant avec ses 3,150 pieds d’altitude vous fournira sans doute l’occasion de quelques prouesses. Si vous préférez un poste d’observation plus facilement accessible, rendez-vous sur le mont des Millions ; le coup d’œil en vaut la peine. Et l’automne, prenez le télésiège et vous aurez une vue époustouflante de la région.
Alors que vous vous rendrez au parc du Mont-Tremblant ne manquez pas de faire une excursion au Trou de la Fée. Situé à 2,000 pieds d’altitude, où le terrain se fend pour former une multitude de crevasses, de couloirs et de grottes, ce site
(Source : Brochure élaborée par le Comité du Centenaire)
Nous désirons remercier tous les artisans qui ont contribué à l’édition de cette brochure et de faire connaitre les origines de Saint-Donat.
Jean Jacques Théorêt, président
Société Historique de Saint- Donat