Gros projet, une vrais maison et le coup de foudre de Joseph Issa, fils

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Bon, voilà que Youssouf est propriétaire d’un lot, près de la rivière Michel. Boisé, grand, sablonneux à souhait. Il veut faire une belle maison, mieux que le fameux shack, déjà construit. La famille est très grande, les enfants aident, mais aussi, il doit les nourrir, les vêtir, les loger convenablement.

Tout un monde, que celui de la construction, avec des moyens archaïques. Une hache, une sciotte, les moustiques, la neige, aidé des enfants, les arbres passent un bien mauvais quart d’heure, il faut ce qu’il faut, ils sont coupés, ébranchés, trainés et de plus, ils sont si loin, du moulin à scie. Une maison demande des planches, beaucoup de planches. Les plus vieux, savent quel travail, tout cela consiste.

Les arbres, ainsi travaillé, furent déposés durant l’année, mais j’aurai tendance à croire, que le plus gros du projet de coupe, se faisant en hiver, et empilés, sur les rives de la rivière Michel. Vous avez qu’à penser qu’ils n’ont aucune machinerie, pas encore de cheval, pour transporter les arbres, la neige était leur meilleure amie. Les journées de travaille sont longues et épuisantes. Comme mon frère, se plaisait à dire : d’une noirceur à l’autre. Cela ne veut pas dire, à la levée du jour, ni seulement en hiver, mais aussi l’été, ce qui allonge de beaucoup, les heures de travail, pour une si longue journée.

Tous ces billots, désiraient un meilleur sort : devenir de belles planches. Ils reposaient aux abords de la rivière, attendant la fonte de la glace pour être transporté, au moulin à scie de Monsieur Joseph Charbonneau au village, deux milles d’eau à traverser, un obstacle de taille, Youssouf y pense, planifie, tout n’est pas gagné.

Ingénieux comme tout, il s’est construit des bômes (provenant du néerlandaise : arbres), ou baum (à l’anglaise), je ne sais pas, le vrai orthographe, il a fixé des chaînes à chaque extrémité de l’arbre, et relié en eux, pour en faire un cercle, ou une belle brassée d’amour, y déposant les billots coupés à l’intérieur du bôme et le tout flottait. Avec deux rameurs, ils traversaient le lac, lorsque le vent était tombé, souvent à la brunante, ayant seulement la silhouette des montagnes comme guide, parce que durant le jour, les vents étaient trop violents, vous le savez tous, vous du village à quel rythme, vous arrive les vagues de la Baie de l’Ours. Petit train va loin, mais eux avaient un bon deux milles à franchir, et si les vents étaient au beau calme, il pouvait espérer être au moulin tôt, aux petites heures du matin, à la levée du jour. La maxime, d’une noirceur à l’autre, se répétait, mais en sens inverse, pour une si longue nuit.

Au moulin à scie de Joseph Charbonneau, encore là, il y avait un travail, qui se faisait. Sortir les billots de l’eau, les couper et rendre le produit, tel que désiré. Les filles de Monsieur Charbonneau, devaient y travaillaient, à tasser le brin de scie, d’en dessous de la scie. La famille devait participer à l’entreprise familiale. La belle Laurette, avait 17 ou 18 ans, un si beau brin de fille, occupée à ranger le brin de scie. Mon père, Joseph, le fils de Youssouf, a trouvé qu’il y avait, une belle fille occupée à travailler, elle semblait gênée, timide, c’est certain qu’avec des travailleurs masculins, il fallait s’effacer. Le regard de Joseph se promenait, il zieutait la belle, il était âgé dans les environs de 22 ou 23 ans. A-t-il eu un coup de foudre ?

Lorsque tout le bois fût couper, en de belles planches, oui, Madame et Monsieur, il fallait les retraverser de l’autre côté du lac, ramenez les matériaux, là où devrait être la petite maison. Ils ont cordé sur l’eau le bois, entrecoupé de travers, bien ficelé, cet enchevêtrement de planches, était ingénieux à souhait et flottait. La pile était tirée avec l’aide de deux chaloupes à la rame, encore au gré des vents et du temps. Les rameurs ont traversé le lac, avec autant de force, qu’un bœuf, de bravoure, qu’un Viking et d’ingéniosité, qu’un Youssouf. Pouvez-vous, juste un instant réfléchir, à toutes ces actions, comment aujourd’hui, notre pauvre petit moi, aurions-nous fait ?

Vous avez vu le croquis que Réjean Issa avait dessiné, bien j’ai trouvé une photo, qui m’a été prêté par ma cousine, que je remercie en passant, il se rappelait très bien la maisonnette, que voici. J’ai dû conserver que la première construction, car la deuxième, vous sera expliquée plus tard. Cette photo vous montre bien, par son apparence, qu’elle date de longtemps. Un trésor à conserver.

Source ; Solange Issa, née Issa, Journal Altitude 1350, août 2016<