Par Jean Jacques Théorêt
HISTORIQUE DE LA PERDRIÈRE
Camp de vacances
En 1973, M. Yves Paquin, professeur d’éducation physique au Collège Notre-Dame à Montréal, trouve ardu de faire des demandes pour des sorties éducatives et activités physiques avec ses élèves.
L’année suivante, il s’établit à Saint-Donat avec sa famille. Il lui vient l’idée d’ouvrir un camp de vacances à Saint-Donat où il pourrait offrir des activités aux jeunes. Il contacte M. Lauda Garceau afin d’acheter un terrain en vue d’y construire un camp de vacances. Avec M. André Picard et M. Julien Boudreau, M. Paquin achète l’île sur le bord du lac Archambault près du pont des Frères Coutu. Une plage exceptionnelle de plus de 1000 pieds linéaires avec une vue imprenable sur le lac, à proximité du village et d’une pente de ski, le Mont Garceau.
M. Paquin installe une roulotte et c’est le début de la colonie de vacances : La Perdrière. Il y avait un problème sanitaire, on ne pouvait construire d’installation septique sur l’île. Après maintes discussions avec M. Lauda Garceau, une entente est intervenue. Une partie du stationnement du centre de ski servirait à l’installation du champ d’épuration de la Perdrière.
La Perdrière accueillerait des jeunes pour des séjours de ski, dont Fami Ski a été le premier client. Tout était à faire : salles de rencontres, cafétéria, dortoirs, achat d’équipements, etc. Des membres de Fami Ski ont même aidé à monter les lits dans les chambres. Au tout début, la clientèle de la colonie de vacances comptait entre 25 et 30 jeunes.
Après un an ou deux, M. Gaudreault vend ses parts à M. Paquin et M. Picard se retire un an plus tard. M. Paquin devient alors l’unique propriétaire.
M. Denis Massé a aidé à développer un programme de formation de moniteurs : PAM (Programme d’aspirant-moniteur) qui est devenu une norme nationale. Le centre de La Perdrière devient le plus gros formateur.
En 1987, M. Stéphane Cocano, organisateur hors pair, est embauché par la Perdrière.
Une auberge avait été construite sur l’île ainsi que des motels que l’on appelait ‘’igloo’’, parce qu’il fallait sortir à l’extérieur pour accéder à l’auberge. En 1988, une salle reliant l’auberge et l’igloo par un couloir vitré a été construite On y retrouvait la buanderie et le vestiaire. Mme Sylvie Charbonneau était alors responsable de l’entretien. M. Paquin a dû s’endetter pour faire cette construction.
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La fréquentation de la clientèle devient impressionnante, on a enregistré jusqu’à 25,000 séjours par année et certaines familles pouvaient fréquenter le centre jusqu’à 15 fois durant l’année. Le centre offrait des camps d’été, d’hiver et des camps-école. Grâce à son développement, la Perdrière devient un leader au Québec.
ANECDOTE : M. Dubois du camp Edphy voulait embaucher M. Stéphane Cocano. Lors de l’entrevue, M. Cocano a mentionné que 5,000 séjours par année étaient offerts, alors qu’en réalité on a offert jusqu’à 25,000 séjours. Consciemment et de peur de ne pas être cru, il n’a pas révélé le bon nombre de séjours.
A l’hiver, sur 14 semaines d’opération, il pouvait y avoir 5,500 jeunes. Les séjours s’échelonnaient du dimanche soir au mercredi soir. D’autres groupes arrivaient le mercredi matin pour quitter le dimanche matin. On pouvait alors compter de 480 à 630 jeunes par groupe. Plus de 80% des jeunes participaient à l’activité de ski alpin. Le centre La Perdrière opérait 40 semaines par année.
La Perdrière était membre de l’ACQ (Association des Camps du Québec). Lors des rapports d’inspection, les inspecteurs mentionnaient que le centre était situé dans un endroit formidable : lac fantastique, grande plage, douche et toilette dans toutes les chambres. Cela en faisait un endroit exceptionnel.
En 1996, le personnel comptait 130 employés. Les moniteurs étaient âgés en moyenne de 18-19 ans. Entre deux congés, les moniteurs allaient aux ‘’frites’’ chez la Bouffe à Fred. Ils devaient réserver à l’avance afin qu’on puisse servir tout ce monde en même temps. M. René Vienneau, propriétaire du magasin de sport dans le village, accordait un escompte de 25% aux employés du centre. Les moniteurs aimaient fréquenter la discothèque Le Montagnard et ils menaient le bal.
Environ 2000 visiteurs se présentaient aux journées Portes Ouvertes. M. Paquin, accompagné de moniteurs, formait des groupes afin de faire visiter le site et fournir des explications aux visiteurs.
Dans la montagne, en arrière des installations de la base principale, il y avait des camps de toile, des sentiers pédestres et des sentiers pour les chevaux.
Une entente a été conclue avec Toto Gingras du Journal de Montréal : le centre La Perdrière avait une visibilité dans le journal et il offrait en échange des week-ends pour des camelots. On invitait aussi des enfants de vedettes entre autres de Normand Brathwaite, Guy Mongrain, Plume Latraverse, etc.
En 1993-94, le Collège Bois-de-Boulogne a négocié une entente afin de s’associer avec La Perdrière pour former des étudiants au programme PAM (Programme d’aspirant-moniteur).
Le Club Kiwanis possédait un emplacement sur la route 125, au lac Pimbina. En 1940, ils ont exploité un camp de vacances qui accueillait des adolescents. Le Club 4H y a séjourné de même que dans les années 1950-60 un camp de jeunes filles délinquantes. (Lors de rénovations des lieux dans les années 2005, on a retrouvé une plaque datant de 1948 enfouie dans des décombres de même qu’un tabernacle. Un prêtre allait dire la messe régulièrement).
Comme la base principale au lac Archambault n’était pas assez grande, des démarches ont été entreprises pour louer le terrain du Club Kiwanis et y aménager des installations pour la Perdrière. On a beaucoup investi dans les structures. Des roulottes ayant servi à la Baie James ont même été achetées pour y installer la cafétéria.
Les activités se sont échelonnées durant 14 saisons sur le terrain du Club Kiwanis. On y avait installé l’Ados Village. Les jeunes ados passaient la journée à la base principale et à la fin de la journée retournaient à l’Ados Village. Ce site pouvait recevoir un maximum de 150 personnes en tenant compte des vacances familiales. En effet, de plus en plus de parents accompagnaient leurs enfants dans des bases de plein air ou camps de vacances. Les enfants étaient pris en charge par des moniteurs le jour et tous les membres de la famille se retrouvaient le soir venu.
Une panoplie d’activités étaient offertes : voile, canot, équitation, escalade, tir à l’arc, planche à voile, descente de rivière, randonnée pédestre, des semaines blanches, fins de semaine des sucres, fins de semaine de pêche, ainsi que des forfaits famille. À l’hiver, des spectacles thématiques, des pièces de théatre, des spectacles de magiciens, des chasses aux trésors. Un employé occupait la fonction de costumier. C’était une organisation d’envergure.
A cette époque, trois camps de vacances majeurs existaient dans le monde des classes-nature du domaine scolaire : Le camp Edphy, le Petit Bonheur et la Perdrière.
En 1990, un promoteur, M. Alfredo des Valles, contacte M. Paquin pour acheter les installations de la base principale. Le contrat stipulait un délai de six ans pour compléter la transaction au terme duquel le centre poursuivrait ses activités sur les rives du lac Pimbina. A noter que les installations au lac Pimbina étaient plus vastes que celles occupées sur le lac Archambault. Après avoir acheté d’autres terrains limitrophes, le promoteur projetait de développer hôtel, condos et autres complexes de service.
En octobre 1996, M. Paquin transfère définitivement les activités de La Perdrière sur le terrain du Club Kiwanis. Il a voulu acheter le terrain et les installations, malheureusement, aucune entente n’est intervenue ce qui a forcé la fermeture de la Perdrière. Suite à la démission d’un administrateur du conseil d’administration du Club Kiwanis, on a offert de vendre les installations aux conditions de M. Paquin mais il a refusé, il n’avait plus la force de recommencer.
La famille Paquin désire préciser que le succès de l’entreprise n’aurait pas été celui que La Perdrière a connu sans le support de plusieurs personnes importantes de St-Donat que nous remercions et qui ont participé de près ou de loin à l’essor de La Perdrière.
Sources : Stéphane Cocano)