On se souvient qu’en prenant connaissance de la très forte opposition à leur projet et après qu’un avis de cessation des travaux ait été émis par le sous-ministre Richard et par le député de Terrebonne, l’Honorable Athanase David, sans se décourager, le curé Régimbald et M. Bilodeau se rendent rencontrer leur député J.L. Perron. Ce dernier leur dit de continuer sans s’occuper des interdictions et s’engage d’en assumer personnellement les coûts si le gouvernement ne le fait pas.
Saviez-vous...
Que, suite à cette encourageante rencontre avec le député, Hector Bilodeau tente d’acheter les droits de passage sur deux lots appartenant à deux messieurs Cloutier, mais les offres ont été refusées par ordre du conseil municipal de Ste-Lucie.
Que le mauvais sort s’abat sur le projet avec la mort prématurée de leur député J.L. Perron. C’en était fait de la procédure légale de poursuivre les travaux par l’expropriation des terrains.
Que, ne reculant devant rien, on décide de faire une prise de possession par la force, c’est-à-dire de passer, advienne que pourra, sur des lots malgré la volonté de ses propriétaires. Des instructions furent transmises au contre-maître Maxime Riopel de procéder à la prise de possession, selon certaines directives, pour éviter de se faire prendre. Étant connu des propriétaires de ces terrains, M. Riopel croyait qu’il pourrait s’entendre avec ces derniers en alléguant qu’une entente avec le gouvernement avait été conclue et qu’il avait le droit de passer sur leur terres.
Que tout n’alla pas comme prévu. Après être passé outre à l’interdiction des deux gardiens et avoir coupé les fils barbelés qui servaient de barrière, M. Riopel et ses hommes poursuivirent les travaux. Entretemps, les deux gardiens se rendirent à Ste-Agathe faire rapport à l’avocat de la municipalité de Ste-Lucie des derniers événements. À peine deux heures plus tard, deux huissiers arrivaient avec mandat d’arrêter les 38 hommes et de les transporter à bord de camions, à la prison de Ste-Agathe, c’est-à-dire à l’hôtel de ville.
Que, alerté par un curé, Régimbald très découragé après avoir été mis au courant de la situation, Hector Bilodeau se rend avec ce dernier à Ste-Agathe. Devant la Cour, présidée par le juge de paix Liboiron et en présence de Me Demers, avocat de la municipalité de Ste-Lucie, M. Bilodeau obtient l’accord de défrayer le cautionnement de 15 200 $, soit 400$ par homme, et demande au juge de remettre la cause à huit jours plus tard, ce qui fut accepté. Les hommes sont libérés provisoirement.
Que, sans perdre de temps, le jour même, M. Bilodeau se rend à Joliette afin de trouver un avocat pour prendre leur défense au prochain procès. L’avocat choisi n’est nul autre que Georges-Émile Lapalme qui deviendra député de Joliette au fédéral en 1945 et chef du parti libéral au Québec dans les années 1950 à 1958. M. Bilodeau charge ce dernier de communiquer avec le Procureur général du Québec, soit le Premier Ministre Alexandre Taschereau, pour le mettre au courant du procès en cours et d’obtenir un juge étranger pour présider le tribunal, ayant raison de croire qu’un juge des environs pourrait avoir des préjugés. C’est ainsi que le juge Lacoursière, de Trois-Rivières, fut nommé.
Que le procès eut lieu huit jours plus tard en présence du nouveau juge. Après avoir entendu le témoignage des deux gardiens de la barrière, la défense a décidé de ne faire entendre aucun témoin. Le Hector Bilodeau...suite de la page 7 juge rendit son jugement : il libère 37 des accusés et rembourse leurs cautionnements, mais déclare coupable le contremaître Maxime Riopel, et celui-ci doit subir un procès en Cour criminelle de St-Jérôme et ce, devant 12 jurés aux assises de janvier.
Qu’entre temps, les travaux se poursuivent en direction de Lantier non sans quelques heurts qui obligèrent le curé Régimbald et M. Bilodeau à intervenir auprès de quelques familles qui s’opposaient à la construction de la nouvelle route en leur alléguant le fait que la route, qui sera construite, apporterait à ces gens d’avoir un village sur leur terre ainsi qu’une église qui serait bientôt construite. Ces arguments eurent le dessus sur ceux que les autorités de Ste-Lucie y opposaient du fait que cette nouvelle route allait ruiner leur municipalité.
Suite au prochain numéro. Les répercussions des activités politiques du curé Régimbald.
À GAUCHE :
Été 1962, probablement un dimanche matin. À l’époque, il y avait beaucoup de touristes dans le village. Saint-Donat comptait 13 hébergements licenciés, plusieurs restaurants dont trois étaient ouverts jour et nuit, du 24 juin à la Fête du travail. L’un d’eux étaient le Laurentien que l’on voit à gauche sur la photo avec son taxi stationné du mauvais côté (c’était permis). Plusieurs poteaux du village affichaient que les shorts de la gent féminine plus courts que 2 pouces au-dessus des genoux étaient interdits sous peine d’amende. Le 12 janvier 2000, un incendie majeur détruira les cinq premiers édifices sur la photo. Remarquez où se trouvait la Banque Provinciale, alors que le bureau de poste avait pignon sur rue entre le magasin de Richard Coutu et la banque.
Source : Pierre Forget, Journal Altitude, novembre 2011