On se rappellera...
Que, bien qu’un verdict de culpabilité ait été prononcé, que de plus M. Maxime Riopel a dû purger sa sentence de trois jours à la prison de St-Jérôme et qu’un montant de 400 $ a dû être versé comme amende, le curé Régimbald et Hector Bilodeau, les promoteurs du projet de la construction de cette route, se déclarèrent très satisfaits de s’en tirer à si bon compte.

Que, toutefois, une véritable tuile allait ombrager cette mini victoire. En effet, les deux promoteurs apprendront, par télégramme, le décès de celui qui leur avait promis le financement de la somme de 40 000 $ qu’avait nécessitée la réalisation du projet. La mort subite de l’Honorable J.L. Perron, rendait responsables M. Bilodeau et le curé Régimbald des dépenses puisqu’aucune autorisation ou écrit n’avait été officialisé. La majorité de cette importante somme devait servir à défrayer les salaires des hommes qui avaient travaillé à la confection de la route 30. Quarante mille dollars en 1929, à la veille d’une importante crise économique qui allait s’abattre sur le Canada, cela représentait toute une somme d’argent.

Que, selon M. Bilodeau, le curé Régimbald était terrifié de se retrouver dans cette difficile situation : « Il ne dormait plus, ne mangeait plus, j’ai cru un moment qu’il allait perdre la raison ». Bien que également inquiet de ce qui pouvait arriver, M. Bilodeau ne perdait pas espoir puisque le premier ministre Alexandre Taschereau se devait de décréter une élection partielle pour choisir un nouveau député pour le comté de Montcalm. Comme parfois le destin fait bien les choses, le candidat libéral choisi à la convention du parti libéral qui eut lieu à Ste-Julienne, M. Médéric Duval, de St-Calixte, était un ami intime du curé Régimbald et d’Hector Bilodeau.

Que, sans perdre de temps, une rencontre fut organisée à la résidence du candidat au cours de laquelle nos deux compères exposèrent la délicate situation dans laquelle ils se trouvaient. On décida que M. Duval devait se rendre à Québec rencontrer le premier ministre avant l’élection pour trouver une issue à cette crise, en retour de quoi on s’assurerait de remporter une victoire sans précédent dans le comté de Montcalm.
Que Médéric Duval a dû utiliser de tout son talent de diplomate dans ce dossier où, on s’en souvient, l’Honorable Athanase David, député et ministre du comté de Terrebonne, s’était farouchement opposé à ce projet, où les maires de Ste-Agathe et de Ste-Lucie avec le chanoine Bazinet invoquèrent que les travaux qui avaient été exécutés aux trois quarts dans le comté de Terrebonne avaient été faits sans autorisation.

Que le premier ministre a honoré l’engagement de l’Honorable Perron et reconnaît que les travaux furent exécutés de bonne foi puisque la paroisse de Saint-Donat se trouvait prisonnière de sa voisine qui lui bloquait le passage pour pouvoir se développer. Un premier chèque de 15 000 $ fut émis avant la date des élections.Ce geste a permis à Médéric Duval d’obtenir la plus grande majorité jamais obtenue jusqu’alors dans le comté de Montcalm. Tous les comptes et salaires furent honorés par la suite.

Que ce récit sur la construction de cet important circuit routier qui reliait Saint-Donat à Ste-Agathe démontre toute la ténacité et le courage de M. Hector Bilodeau, accompagné de l’engagement du curé Arthur Régimbald. On peut dire que ces deux hommes ont grandement contribué au développement touristique de notre village

À GAUCHE :
Joute de hockey dans les années 50 entre l’équipe de Saint-Donat et de St-Côme sur la patinoire extérieure située rue St-Donat, en face de la maison de Jos Martel et de Ti-Blanc Miron. À la mise au jeu pour Saint-Donat, Yvon Forget, joueur de centre avec, à sa droite, son frère Jean-Jacques. À l’arrière garde, on aperçoit Jules Bélanger et complètement en retrait, Vincent Desjardins. Notez toute cette foule qui est venue acclamer les siens. Rarement aujourd’hui, malgré notre aréna, a-t-on vu une foule si importante.

Merci à Claude Lambert pour la photo.

Source : Pierre Forget, Journal Altitude, novembre 2011