INTRODUCTION
Ce texte sur l’histoire du lac Clair, nom qu’il portait auparavant, a été réalisé dans le cadre des festivités marquant le 50e anniversaire (2012) de la création de l’Association des propriétaires du lac Sylvère. Ayant une propriété au lac et ayant connu les premiers locataires du lac Clair, j’ai cru bon aujourd’hui de partager avec vous les informations recueillies au fil des ans jusqu’à la formation de l’Association du lac Sylvère. Il est intéressant de noter qu’il y avait une rumeur qui circulait et qui disait que le lac avait été occupé par des Américains, comme vous le constaterez il n’en était rien.
A L’ÉPOQUE DU LAC CLAIR
J’ai eu le privilège de fréquenter le lac Clair dans les années 1950 et de connaître le locataire du lac, Monsieur John R. Donaldson et surtout Monsieur Damase Morin qui agissait à titre de gardien du lac, alors que l’endroit était sous bail et que l’accès en était privé. Seulement quelques amis privilégiés étaient invités au camp de pêche.
Pour accéder au lac, il fallait obtenir un permis de circulation en forêt de la St. Maurice Forest Protective Association, organisme mis sur pied par les concessionnaires forestiers qui défrayaient toutes leurs dépenses. Cette association s’occupait de faire respecter les règlements édictés pour la prévention des incendies en forêt. Ce permis sur lequel on devait y inscrire nom, adresse, date d’entrée, de sortie, ainsi que la destination était obligatoire pour quiconque entrait sur le territoire.
Une barrière de contrôle était installée à la croisée du chemin St-Guillaume et du chemin du lac Croche Est, près du restaurant qui est fermé depuis quelques années.
Cette barrière a été opérée par Monsieur Jos Simard au début et plus tard par Monsieur Frank Brisson. Elle a été abolie lorsque le lac est devenu public.
Malheureusement, je ne peux pas confirmer en quelle année l’exclusivité de droit de pêche a été donnée à Monsieur Frederick G. Donaldson alors président du Montreal Trust qui a construit un premier camp de pêche sur le terrain situé au 41 chemin Favreau. Ce chalet a été détruit lors du grand incendie de St-Donat en 1941. Ce feu a débuté au lac des Aulnes en passant par le lac Ouareau Nord, le lac Croche et s’est rendu du côté est du lac Clair (plus tard nommé lac Sylvère) probablement jusqu’aux environs des lots que l’on nomme la pointe des Lévesque.
Après le feu, un nouveau camp de bois rond a été construit sur un emplacement de 5 acres qui se situe du 99 à 109 chemin Favreau. Une glacière a aussi été érigée pour la conservation de la nourriture. La glace se coupait en hiver et était couverte de bran de scie afin qu’elle puisse se conserver jusqu’à l’automne suivant. Il m’est arrivé à l’occasion, de participer à la coupe de la glace.
Le camp de bois rond a été construit avec les arbres situés sur le terrain. Les fenêtres ainsi que les matériaux pour le toit et le plancher ont été portagés à partir du lac Croche.
Il n’y avait pas de chemin carrossable pour se rendre au camp à partir du chemin du lac Croche Est. Plus tard, on devait utiliser un camion (ou la jeep de Monsieur Frank Brisson) pour se rendre au haut de l’ancienne côte du chemin Favreau et poursuivre à pied dans le sentier menant au camp de pêche.
Monsieur Frederick G. Donaldson avait embauché un gardien, en l’occurrence Monsieur Damase Morin de St-Donat, qui s’occupait de l’entretien du camp, des chaloupes, de couper la glace l’hiver, etc.
A ce moment, le lac était naturellement peuplé de truites mouchetées. Comme il y avait très peu de personnes qui fréquentaient le lac, aucun ensemencement n’était nécessaire.
Le 1er août 1944, la Couronne, représentée par le ministre des terres et forêts, vend à Monsieur Frederick G. Donaldson, président de Montreal Trust Company, résidant à Hudson Heights, Québec, un lopin de terre d’environ 5 acres sur le lot primitif no 9 du rang 9, Canton Lussier, comprenant 11 chaînes sur la rive du lac Clair et sur 3 chaînes de profondeur, pour la somme de 500$ là où le deuxième camp a été construit.
Le sceau du lieutenant-gouverneur Monsieur Eugène Fiset a été apposé sur l’acte de vente qui a été signé par le sous-ministre des terres et forêts, Monsieur Bédard.
Le 3 juin 1946, le propriétaire du terrain Monsieur Frederick G. Donaldson décède et institue légataire, son fils Monsieur John R. Donaldson.
Le 2 décembre 1946, les titres de propriété sont transmis à Monsieur John R. Donaldson, courtier en valeurs mobilières au Montreal Trust Company.
DU LAC CLAIR AU LAC SYLVÈRE
Début 1961, le droit de pêche exclusif à Monsieur John R. Donaldson est révoqué. Le ministère subdivise 177 terrains autour du lac de même que 15 passages publics (1 passage à environ tous les 10 lots).
C’est à ce moment que le nom du lac Clair est changé pour lac Sylvère par le ministère des terres et forêts.
Dès que la révocation du bail a été connue et sachant que la pêche était bonne au lac, plusieurs personnes venaient pêcher, soit sur le quai du camp de pêche ou sur les rives du lac. Il y a eu surpêche et la population de truites mouchetées a diminué considérablement.
L’exclusivité de pêche au lac n’étant plus, Monsieur John R. Donaldson préfère se retirer et le 21 août 1961, il vend à Monsieur Damase Morin de St-Donat, toujours gardien du lac, le lopin de terre de 5 acres sur lequel le camp de bois rond était érigé.
Monsieur Gérard Martin, alors député de Montcalm, a été un artisan de la promotion des lots à louer. Il en a parlé à ses connaissances et le mot s’est répandu en très peu de temps. Les gens devaient se rendre au Palais du Commerce à Montréal pour choisir le lot désiré et compléter les démarches nécessaires.
Les 177 emplacements de villégiature ont trouvé preneurs très rapidement mais des conditions s’imposent.
Un bail de 10 ans est accordé, avec option de renouvellement, à raison d’un loyer annuel de 30$, payable d’avance tous les 2 ans et autres conditions ordinaires des baux de cette nature, parmi lesquelles l’obligation de faire sur le terrain durant la première année des améliorations d’une valeur d’au moins 500$ et d’y maintenir, à partir de la deuxième année, des constructions d’une valeur d’au moins 3000$.
La Consolidated Paper Corporation Limited, propriétaire des droits de coupes au lac, avise les locataires de certaines obligations afin de prévenir l’incendie en forêt, de préserver le domaine boisé, d’assurer les futures récoltes forestières, le paysage, la faune et préserver les propriétés.
La St. Maurice Forest Protective Association qui s’occupe de faire respecter les règlements fait parvenir une copie de ces règlements. Afin d’assurer une protection adéquate de tout établissement situé en forêt, le locataire doit faire disparaître dans un rayon de cinquante pieds autour du dit établissement, tous les débris inflammables ainsi que toute autre matière ou objet pouvant favoriser le début d’un incendie.
En faisant ce travail il est possible qu’il soit nécessaire ou désirable de couper des arbres de valeur marchande. Si tel était le cas, le locataire devait communiquer avec le représentant local de la Consolidated Paper Company Limited qui était le concessionnaire forestier et responsable de la perception de tous les droits de coupes et de l’observance des règlements forestiers.
Toute personne s’occupant de l’exploitation, de l’aménagement et de la protection de la forêt a un droit de passage gratuit dans l’exercice de ses fonctions.
Aucun chemin carrossable n’existait autour du lac. Les gens devaient apporter leur matériel en chaloupe à partir du côté nord-ouest du lac. Certains ont même construit des radeaux avec le bois de construction sur lesquels ils pouvaient placer un certain nombre de blocs de ciment qui devaient servir à faire les fondations de leur chalet. Plusieurs de ces blocs se sont retrouvés au fond du lac lors de leur transport.
Par la suite, il y a eu construction des chemins permettant l’accès aux détenteurs de lots, soit le chemin Favreau et le chemin du Lac Sylvère.
Le 24 janvier 1964, Monsieur Damase Morin subdivise le terrain de 5 acres en 6 emplacements. Un emplacement est donné à chacun de ses 5 enfants.
Ces lots sont situés sur le chemin Favreau et portent les numéros civiques 99 à 109. Des descendants de Monsieur Damase Morin sont encore propriétaires de certains de ces lots.
Selon un rapport fait en 1977 (par l’Association des Propriétaires du lac Sylvère) on trouvait dans le lac : truite grise, mouchetée, perchaude, crapet-soleil, meunier rouge.
Selon les statistiques de l’association, des ensemencements ont été faits en 1980, 1981 et ensuite tous les ans ou tous les 2 ans pour un nombre variable d’environ 2000 à 3000 truites mouchetées lors de chaque ensemencement.
Je désire remercier les personnes qui ont pu me fournir certains renseignements qui m’ont aidé à compléter cet historique.
Auteur : Jean Jacques Théorêt