Ah, si les Fêtes peuvent passer, on va tu-être bien C’est une phrase qui revient souvent dans la conversation à l’approche de Noël et du Jour de l’An. Cette période de l’année qui, en temps normal, devrait de prendre avec sérénité, donne plutôt l’impression aujourd’hui que les gens en font un fardeau.
Est-ce l’économie qui marchande nos comportements ? A-t-on perdu le sens profond de ces réjouissances et de ces rassemblements ? Sans doute. Parce que si cela est le cas, qu’en aurait-il été du temps de nos grands-parents alors ? Quoi qu’il en soit, trêve de pessimisme, tournons-nous plutôt vers quelques traditions des Fêtes, et swingnez votre compagnie.
Une fête religieuse. Traditionnellement, Noël a toujours conservé son caractère de fête religieuse, laissant un Jour de l’An les réjouissances et les échanges de voeux et de cadeaux. Il n’y a pas si longtemps, la nuit de Noël était d’assister à la messe de minuit, de vibrer au son des cantiques tout en jetant un oeil complice sur les petits bergers et les anges, interprétés par des enfants du village, tous agenouillés autour d’une petite crèche de fortune. En questionnant nos aînés, on se rend vite compte que la coutume française qui faisait du Jour de l’An la période des étrennes - et là, il faut s’entendre, c’était souvent une pomme ou une orange - a cédé la place, au fil des ans, à la coutume anglaise qui favorisait le 25 décembre.
D’où ça vient, le Père Noël ? Au risque de me compromettre, je devrais dire aux enfants de ne pas lire ce qui va suivre. Mais ne vous en faites pas, je vais arranger cela. Toujours est-il que le Père Noël est une invention américaine. Il prend naissance sous la plume d’un professeur de théologie du nom de Clement Clark Moore en 1822. Mais ce n’est pas avant le début du siècle que ce personnage entre dans nos manifestations <
Il était coutume également à Noël d’étrenner quelque chose de nouveau. La messe de Minuit offrait cette belle occasion. Du nouveau chapeau de <
La fin de décembre était marquée par deux événements. D’abord, la vente des bancs à l’église. N’était pas dans les premiers bancs qui voulait. De plus, la vente se faisait au plus offrant, ce qui n’était pas sans amener quelques frictions. Puis venait la dernière journée de décembre avec la guignolée. Cette quête, faite par les gens du village, a pour but d’amasser nourriture et dons pour venir en aide aux plus démunis de la paroisse, et cela juste à la veille du Jour de l’An. Je félicite ici les Chevaliers de Colomb de Saint-Donat qui perpétuent encore cette tradition.
Une tradition. La bénédiction paternelle n’était pas seulement un acte pieux pour partir du bon pied la nouvelle année, mais les enfants ne pouvaient déballer leurs cadeaux sans avoir reçu du paternel la bénédiction. Encore aujourd’hui, quelques familles renouvellent chaque année ce geste ancestral. Que ce soit à la table de Noël ou du Jour de l’An, il était de mise d’ajouter un couvert de plus au cas ou un pauvre ou un quêteux ne vienne frapper à la porte pour demander nourriture et hospitalité. Si tôt le repas terminé, on range la grande table le long du mur, on chauffe le poêle à deux-ponts, et place à la danse et à la musique. Un instant, cela n’a pas toujours été comme cela. La moralité publique, mes chers amis, qu’en pensez-vous ?
Le curé Legendre, de Saint-Donat (1900-1915), avait une forte réputation à cet égard. Entre autres, il interdisait de danser et de prendre un petit verre à la période des Fêtes. Il faisait du mariage la seule exception à la règle et là encore, avec retenue. Sinon, vous étiez certain d’être pointé du doigt en chaire. Mais il n’y avait pas seulement la boisson et la danse qui portaient atteinte aux valeurs morales ; les jeux étaient également de la partie. À ce sujet, en décembre 1937, plusieurs jeunes du village dépensaient leurs gages dans les <
Pour bien terminer cette année 1991, je vous souhaite un joyeux Noël et une Bonne Heureuse Année 1992, et comme on le disait dans le temps,
Photo-vignette : (En première page du Journal Altitude). La bénédiction paternelle, une tradition héritée de nos ancêtres français, se renouvelle encore chaque année dans la plupart de nos foyers. La scène ci-contre fut croquée dans l’ancien presbytère de Saint-Donat, On y voit la famille de Jacques Arthur Lavoie. Cette photo fit la page couverture du Sélection du Reader’s Digest de janvier 1957. Les lecteurs prendront plaisir à en connaître davantage sur cette coutume bien québécoise en lisant la chronique de notre historien Claude Lambert en page 4 de la présente édition.
Source : Claude Lambert, anthropologue-historien, Journal Altitude 1350. Décembre 1991