Voici maintenant ce qu’on peut lire dans le journal d’Ottawa du 25 octobre 1946 qui titre « On identifie le Liberator » et en sous-titre « L’équipe terrestre atteint les débris de l’avion – Les 24 victimes. » Ottawa 25. (P.C.) …
L’équipe terrestre qui se dirigeait depuis près d’une semaine vers les débris d’un avion au sommet d’une montagne de 2900 pieds (1), à quelques 60 milles au nord de Dorval, a positivement identifié ces débris comme étant ceux du Liberator disparu le 20 octobre 1943 avec 24 membres du C.A.R.C. (2) L’équipe terrestre a atteint la scène du désastre, à 1h30 hier après-midi (heure avancée).
L’identification des restes de l’appareil met fin au mystère qui, depuis près de trois ans, entourait le pire drame aérien militaire de notre histoire. L’équipe avança péniblement à travers la forêt, très dense, mais le beau temps permit enfin à un avion de reconnaissance de survoler la région hier et d’aider à la progression des chercheurs en les dirigeant au moyen de la radio.
L’appareil était piloté par le lieutenant d’aviation B.-D. Inrig qui, le premier, aperçut l’empennage caractéristique du Liberator pointant au-dessus et luisant au soleil. L’appareil avait quitté Gander (Terre-Neuve) avec un groupe de membres du C.A.R.C. en congé. Après trois heures et demie d’une envolée parfaitement normale, il arriva au-dessus de Mont-Joli, où le temps ne lui permit pas d’atterrir. Le pilote décida alors de continuer sa route jusqu’à Dorval ou Rockliffe et laissa savoir par radio son intention d’agir ainsi. On ne devait plus en entendre parler.
De vaines recherches . Pendant plus d’un mois, des recherches intenses furent entreprises jour et nuit sans succès dans toute la région s’étendant entre le Saguenay et le St-Maurice. Toutes les stations du C.A.R.C., depuis Ottawa jusqu’à la côte de l’Atlantique, participèrent aux recherches aidées d’une escadrille de la R.A.F. stationnée à Dorval.
Le 7 août 1944, deux coureurs des bois rapportèrent avoir aperçu les débris d’un avion près de Québec. Les recherches reprirent avec une intensité fébrile mais sans résultat, bien qu’on eût pris le relevé photographique de toute la région. On s’attend à recevoir aujourd’hui de plus amples détails sur la scène du désastre, dès le retour à Rockliffe de l’équipe terrestre. On sait cependant que le gros quadrimoteur s’est frayé un chemin de 200 pieds à travers les arbres qui couvrent la montagne.
(1) Dans le récent article de la Presse, on évaluait la montagne à 2 500 pieds alors que dans celui-ci, elle atteint 2 900 pieds.
(2) C.A.R.C. : Corp Air Force Royal Canadian
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Dans la liste des victimes, 10 personnes proviennent de l’Ontario, 5 de la Colombie britannique, 3 du Nouveau-Brunswick, 1 de l’Île-de-Prince-Édouard, 1 de l’Alberta, 1 du Manitoba, 1 de Rochester, New York et 2 du Québec, soit l’aviateur-chef J.-A.-J.-P. Veilleux de Thetford-Mines et le sergent W.- J. MacNaughton de Montréal.
M. Joseph Gaudet n’était pas un trappeur tel que la Presse l’avait décrit mais bien un garde forestier, dans une tour à feu située en haut de la montagne située du côté est du lac Archambault, presqu’en face du lieu de la tragédie sur la montagne Noire. À l’époque, 4 tours à feu servaient à la protection des feux de forêt, celle du mont Ouareau, du mont Carcan, du mont Gaudet et celle du mont Rochemaure. Deux gardes-feu étaient assignés à chaque tour pour assurer une surveillance 24 heures sur 24. Une blague concernant la nourriture de ces hommes : le steak du garde-feu était le saucisson de Bologne rôti communément appelé « le baloné ».
Essayez d’imaginer de quoi ces hommes pouvaient se nourrir dans leur petit « shack » en haut de la montagne au pied de la tour sans électricité donc sans réfrigérateur pour la plupart.
Photo de la tour à feu du Mont-Gaudet, à partir de laquelle Jos Gaudet aurait aperçu des reflets de soleil sur des grosses pièces du Liberator
Source : Pierre Forget, Journal Altitude , décembre 2012