Tout commence par une visite. Un peu avant Noël 1994, mon ami Sylvain Gaudet me téléphonait pour me dire qu’il avait rencontré fortuitement aux Archives Nationales du Québec à Montréal, Mme Annie Caisse-Boivin nièce du curé Caisse qui demeurait au lac Ouareau. Elle lui dit qu’elle aimerait bien visiter la maison qu’il habitait, si elle existe encore, car cela lui rappellerait ses visites estivales dont elle a conservé de très beaux souvenirs. Je pris donc rendez-vous avec l’actuel résident de la maison, M. Théo Tingman qui nous reçut (Mme Caisse-Boivin, son fils, Sylvain et moi-même) avec le plus grand plaisir.
Maison du curé Caisse. La propriété, située au 2789 route 125 sud, se trouve un peu plus loin que celle de Moïse Morin. Elle occupe une partie des lots 1 et 2 du 2e rang du canton Lussier. La maison a ceci de particulier qu’elle a conservé à travers le temps plusieurs éléments de son architecture d’antan, ce qui est de plus en plus rare à Saint-Donat ou le modernisme l’a emporté malgré le fait que la belle architecture est de plus en plus recherchée par les visiteurs.
Les différents propriétaires. Suite à la demande de Mme Caisse-Boivin qui effectue présentement des recherches sur sa famille, j’ai retracé les différents propriétaires qui se sont succédé sur cet emplacement. J’espère avoir plus de détails sur la vie du curé Caisse à Saint-Donat dans un prochain avenir. De Simard à Brousseau. En 1904, Pierre Simard fils, cultivateur, obtient ses lettres patentes du gouvernement du Québec pour les lots 1 et 2 du 2e rang Lussier. Le 26 avril 1920, il vend à Joseph Brousseau, cultivateur, ses 2 lots pour la somme de 600$, avec des bâtisses, dont on ne spécifie pas la nature. Comme il y a souvent des conditions, Pierre Simard fils se réserve tout le bois mou qu’il y a sur ces lots et se réserve 4 arpents de terre qu’il a vendue à Exalaphat Forget, marchand, résidant à Ste-Agathe. De Brousseau au Révérand François-Gabriel Caisse. À l’automne 1928, Joseph Brousseau (marié à Elzire Nadon, fille de Joseph et de Mélina Lacasse) vend sa propriété au curé Caisse. À cette époque, les voisins sont, d’un côté Frédérick Brown et de l’autre Maxime Morin.
Mais qui est le curé Caisse ? Le curé Caisse est né le 31 janvier 1868 à Lachine. Il est le fils de Louis-Fabien et de Philomène Rozelle. Le 22 septembre 1895, il est ordonné prêtre à Sainte-Thérèse par Mgr. Fabre. Sa première fonction est celle de vicaire à la cathédrale de Rimouski de 1895 à 1898. Plus près de nous, il est le 8e curé de Sainte-Lucie, de 1908 à 1912. En 1917, il fonde la paroisse de Notre-Dame de la Paix à Verdun où il décède le 22 février 1937. Après avoir acquis sa propriété au lac Ouareau, sans que l’on sache ce qu’il est advenu des anciens bâtiments, le curé Caisse y fait construire sa maison. À l’occasion, il la louera durant la période estivale, entre autres à un certain juge Lacroix et à un dénommé J.H. Roy de l’Hopital St-Luc à Montréal. De Sun Trust Ltd à Marius Doyle. Près de trois ans après la mort du curé Caisse, la firme Sun Trust Ltd, exécuteur testamentaire, vend la propriété à Marius Doyle (marié à Hélène Lepage), secrétaire privé d’un financier de Montréal, Joseph A. Simard. M. Doyle serait un ingénieur civil travaillant à Marine Industrie à Sorel.
De la succession Doyle à Tingman. À l’été 1966, William E. Tingman, un vendeur, résidant à Montréal rachète la propriété. Aujourd’hui elle est habitée par son frère, Théo Tingman. Références : Je tiens à remercier les personnes suivantes pour des informations sur le présent article : Annie Caisse-Boivin, Théo Tingman et Moïse Morin.
Note. Un retour sur les articles de la mine de silice. Outre le fait que certains l’appelaient "La Montagne des Millions", d’autres personnes m’en ont parlé et mon donné une autre version très intéressante et plus juste, je crois. Cette appellation est : "A Million Dollar View Mountain". Bien avant l’ouverture de la mine, on faisait du foin sur cette montagne. Le sommet s’en trouvait donc dégarni, ce qui offrait une très belle vue sur le village et même sur les lacs Ouareau et Archambault. Cela valait un million au dire de plusieurs personnes ! On retrouverait d’ailleurs ce nom sur d’anciennes cartes topographiques. On raconte que cette appellation viendrait de touristes anglophones qui n’en revenaient pas de ce magnifique panorama.
Le prochain article. Qui serait le premier docteur résident à Saint-Donat ?
Photo-vignette : Cette photo remonte vers1940 ou avant. À l’arrière plan le magnifique lac Ouareau et l’île Steven. Puis, de gauche à droite, la petite chapelle du curé, sa maison, le garage et la "shed" à bois. L’environnement a bien changé depuis, tous les espaces dénudés sont aujourd’hui reboisés.
Source : Claude Lambert, anthropologue-historien, Journal Altitude 1350. Mai 1995