La plus grande tragédie aérienne des Forces armées en sol canadien. Y a-t-il eu pillage de l’avion militaire écrasé à Saint-Donat ?

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Y a-t-il eu pillage de l’avion ? Parmi les rumeurs qui ont circulé au sujet de l’accident du Bombardier, le pillage des victimes demeure celle qui revient le plus. Dans tous les journaux de l’époque, on fait référence au pillage des victimes, et ce, malgré un démenti formel du ministre de l’Air. On ajoute même qu’un rapport secret aurait été remis aux autorités canadiennes une année avant la découverte du bombardier ! D’autre part, la tradition orale chez les gens du village corrobore cette thèse du pillage du Liberator. Aux dires de certains, l’argent découvert sur les passagers de l’avion aurait même été transigé au village !

Sur la scène de l’accident. Selon les militaires, l’avion aurait pris feu après sa chute. Seuls l’assemblage et le fuselage arrière ainsi que les moteurs auraient été épargnés. Des cartes d’identification et des vêtements d’aviateurs furent rapportés des lieux de l’accident. Trois cadavres seulement furent positivement identifiés. Hommages aux victimes. Deux jours après la découverte du Liberator, des militaires assistés des guides Donatien inhument les corps des victimes et élèvent un cairn à l’endroit où l’avion s’est écrasé. Par la suite, ils préparent le terrain où 23 croix chrétiennes et une juive représentée par l’étoile de Sion seront plantées en vue de la cérémonie officielle qui aura lieu le 3 juillet en après-midi. Entre temps, militaires et guides ouvrent un sentier jusqu’à l’avion pour permettre aux parents des défunts et aux représentants religieux de s’y rendre.

Le service funèbre sera particulier puisqu’il sera célébré selon l’appartenance religieuse des victimes, soit catholique, protestante et juive. L’ascension du 3 juillet se fera sous la direction du guide de chasse Armand St-Amour et du jeune guide Jean-Paul Bélanger. Durant son allocution, l’abbé Costello rend un délicat hommage aux familles Donatienne pour leur dévouement dans cette tragique affaire. Sont présents à la cérémonie, le vicaire de la paroisse de Saint-Donat l’abbé Gérard Super, ainsi que Richard Coutu, alors maire de Saint-Donat. Celui-ci déposera une couronne de fleurs au nom de ses concitoyens. Près de deux cents personnes se sont rendues pour le service funèbre, des militaires, les parents des victimes ainsi que des gens de Saint-Donat.

Mentionnons que lors de la découverte du bombardier l’armée interdisait la visite des lieux. Durant plusieurs jours les hôtels du village affichent complet. Un monument aux victimes. À la mémoire des disparus, on installe en face du rocher que le Liberator a percuté une plaque montée sur un muret de pierre. Cette pierre a été transportée de Montréal par camion par la compagnie Saint-Donat Transport, propriété de M. Claude Simard. Elle est ensuite montée sur les lieux de l’accident à l’aide de chevaux. C’est Olier Bertrand qui s’occupe des travaux de maçonnerie. Des projets pour commémorer l’accident. Bien qu’aucun n’ait été retenu, signalons que le chef de police de Saint-Donat Léo Bertrand proposait de grouper au cours de l’été des volontaires pour ouvrir un chemin jusqu’à l’avion et d’y aménager un parc ; il était aussi question d’élever une croix sur la montagne.
En faisant des recherches sur le soi-disant chemin, EthnoDiffusion apprend que M. Jacques Poulin, arpenteur-géomètre à Ste-Agathe-des-Monts est monté sur les lieux peu de temps après l’accident. Nous l’avons donc rencontré et il nous a confirmé avoir réalisé en septembre 1946 un relevé de localisation d’un terrain de 100 x 100 pieds pour l’armée canadienne. Ce qui représente l’aire où reposent les débris de l’avion. Il semble qu’on n’ait jamais donné suite à ce relevé. L’armée l’aurait-elle fait faire dans le but d’acquérir le terrain ? On n’en sait rien jusqu’à maintenant.

Durant plusieurs années, Jos Regimbald résidant au lac Archambault est engagé par l’armée canadienne pour l’entretien du lieu de culte. Vandalisme. Au cours de l’été 1985, ayant été avertie de la profanation de la sépulture, la Commonwealth War Grave Commission, Canada, responsable des lieux décide de transporter les restes des victimes au cimetière de Saint-Donat afin qu’ils reposent dans la dignité. Depuis, ils ont aménagé un monument où l’on retrouve la plaque commémorative originale, ainsi qu’une épitaphe.

Note. Cet article ne relate pas tous les faits sur cet accident. Pour en savoir davantage comme : l’histoire du bombardier B-24 et sa renommée internationale ; les autres rumeurs au sujet de cet accident, d’autres photos remarquables, etc, je vous invite à vous procurer le dépliant à cet effet à la Chambre de Commerce de Saint-Donat et à vous rendre aux panneaux d’interprétation qui y seront érigés.
Photo-vignette 1 : Le temps d’une pause près du lieu de l’accident : René Labelle, garde forestier ; Marcel Bouchard ; le sous-lieut. W.L. Tessier ; Jos Gaudet et Armand St-Amour.

Photo-vignette 2 : Les lieux de la tragédie reçurent plusieurs visiteurs de Saint-Donat. De gauche à droite : Roddy Simard ; Joseph Lacroix (époux de Jeanne Lavoie) ; Omer Simard ; Léo-Guy Simard ; Jean Simard et à l’arrière, Réjean Lacroix, fils de Joseph.
Photo-vignette 3 : Une photo prise sur le site de l’accident du Liberator. Première rangée (à genoux) : Rosaire Nadon, de Saint-Donat, un militaire, Léo Bertrand, chef de police de Saint-Donat, et un militaire. Deuxième rangée, de Saint-Donat, Louis Lavoie, Hardouin Coutu, Gaston Coutu, Joseph St-Amour, deux militaires, le maire de Saint-Donat Richard Coutu, le vicaire Gérard Super et Joseph Poudrier. Troisième rangée, à l’arrière : appuyés sur un billot, un inconnu et Jean-Paul Sigouin ; Gérard Mitron ; un inconnu ; Armand St-Amour ; Roméo Sigouin ; Victor Bilodeau ; Delphis Vaillancourt ; un Dufour de Ste-Lucie et un inconnu.

Photo-vignette 4 : La plaque commémorative sur les lieux de l’accident. Maurice Ferguson (à gauche) et Marcel Regimbald, garde-feu de la St-Maurice Forêt, fils de Jos Regimbald. Maintenant restaurée, cette plaque se trouve au cimetière de Saint-Donat.

Source : Claude Lambert, anthropologue-historien, Journal Altitude 1350. Juillet 1993