La première communion

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Autres temps, autres moeurs. Il n’y a pas si longtemps, la religion catholique habitait nos moindres gestes quotidiens. Ainsi, une simple pensée, un clin d’oeil sur le calendrier ou encore un regard sur les divers signes propres aux rythmes des saisons suffisaient-ils à enclencher un réflexe spirituel. L’arrivée du printemps marque non seulement l’éveil de la terre, mais également un renouveau spirituel. Les anciens associaient davantage cette saison au temps pascal. Pâques étant une fête mobile, célébrée le premier dimanche suivant la pleine lune de l’équinoxe du printemps, c’est elle qui donne le pas aux autres fêtes de même nature (mobile). C’est ainsi que le Mercredi des Cendres vient 46 jours avant Pâques ; l’ascension, 39 jours ; la Pentecôte, 49 jours, etc. Outre l’attachement à l’Église et à ses valeurs, il semble que la multiplicité des fêtes répondait à un autre besoin. Un prêtre me confiait un jour que ces grandes célébrations et manifestations chrétiennes visaient également à <> les hommes et les femmes à prendre du repos auprès des leurs, tout en se recueillant avec Dieu. Les travaux harassants de la terre et de la forêt, ainsi que tout l’ordinaire de la maison et de la ferme, valaient bien qu’on s’arrête quelque temps pour récupérer. Ce à quoi pouvaient répondre quelques rites de l’Église. Quoi qu’on en dise, je ne peux que me joindre à ce besoin vital de réflexion spirituelle. Encore aujourd’hui, trop peu de place est laissée à la méditation et au recueillement. Ce n’est pas dans la manière de s’y prendre qui importe ; l’important, c’est de s’accomplir, de communier avec Dieu et d’être bien dans sa peau.

Si l’on s’accorde à dire que jadis, les gens se mariaient jeunes, il en était de même pour le passage de certains rites d’initiation chrétienne. Il n’y a pas encore 100 ans, le temps des semailles signifiait l’arrivée de la première communion. Bien que le curé avait libre choix de la faire au printemps ou à l’été, chez nous, on attendait après la drave pour que les hommes puissent célébrer cet événement en famille. À cette époque, la première communion est un événement très important dans la vie des jeunes filles et des garçons. On disait qu’ils s’apprêtaient à quitter l’enfance pour devenir .

Pour les Canadiens-français, c’est la forme française de la première communion, imaginée par Vincent de Paul durant les années 1620, qui tient de rite. Aux enfants de 3e année, je leur dis bonne célébration de l’Eucharistie.

Photo-vignette : Première communion à Saint-Donat vers 1934. Étiez-vous de ceux-ci ? Le curé Arthur Regimbald (1922-1947). Note : si quelqu’un d’entre vous possède également cette photo, pourriez-vous me rejoindre au numéro suivant : (819) 424 3720.

Source : Claude Lambert, anthropologue-historien, Journal Altitude 1350. Mai 1991