- Famille Issa
- 1947 André Issa et son père Georges Issa sur la terre paternelle ; travail avec le cheval
Si la colonisation des cantons du Nord se donne pour mission d’attirer des agriculteurs pour défricher ces nouvelles terres que l’on dit propices à la culture, on ne peut pas dire que ce sera un succès pour Saint-Donat pas plus que pour les autres paroisses du Nord de la région Lanaudièere. Le relief accidenté , la qualité du sol et les longues périodes de gel ne permettent rien qui vaille, sinon de culbuter de la roche afin de réussir un petit potager et aménager un espace pour le fourrage des animaux. Même si les habitants peuvent compter sur le moulin à farine des Coutu pour moudre leur grain, encore faut-il pouvoir acheter des graines de semence. Refoulés au bout du comté de Montcalm, les agriculteurs n’ont pas d’autre choix que de s’entraider. Ils fondent en 1899 le Cercle Agricole de la mission de Saint-Donat.
En plus de cultiver leur lopin de terre, les premières familles vivent des ressources naturelles que leur procure le milieu, un peu à la façon des Amérindiens. Mises à part la chasse et la pêche, le piégeage du castor, du vison, de la loutre et de la martre est lucratif et les lacs Archambault et Ouareau foisonnent de truites saumonées. Seulement pour l’année 1871, Joseph Charbonneau capture 400 livres de truites et récolte 140 livres de sucre d’érable : comme quoi les petits plaisirs doivent venir agrémenter cette vie si rude dans la forêt .
L’industrie du bois occupera aussi pendant plusieurs décennies les donatiens. La première compagnie forestière à effectuer des coupes dans les forêts de Saint-Donat est L’Assomption Lumber Co. vers 1869. Elle exploitera un moulin à scie au confluent des rivières L’Assomption et des Prairies à Saint-Paul L’Ermite. Puis elle sera vendue à la Charlemagne & Lake Ouareau Lumber Co. Lorsque cette dernière compagnie cesse ses activités en 1916, La Saint-Maurice Paper prend la relève et ouvre un bureau au lac Ouareau. Durant plusieurs années, Saint-Donat sera le foyer d’embauche de plusieurs travailleurs forestiers provenant d’un peu partout dans les régions Laurentides et Lanaudière. Par ailleurs, des familles du village opèrent des moulins à scie sur différents cours d’eau. Au début des années 1900, on retrouvera jusqu’à cinq scieries en activités.
Les années 1920 seront marquées par des changements qui viendront transformer les habitudes de vie des villageois. En 1924, les ampoules électriques font leur apparition dans les maisons et les rues du village. En effet, bien qu’une compagnie d’électricité établie à Rawdon depuis 1912 ait commencé à desservir quelques paroisses du sud, Fernando Coutu n’attendra pas qu’elle se rende jusqu’à Saint-Donat. Il construira donc une petite usine électrique à la décharge du lac Archambault et vendra son électricité, avec l’accord du conseil municipal, aux habitants du village. En 1946, il cédera cependant ses droits sur la production et la distribution de l’électricité à la Coopérative d’électricité de Saint-Donat, nouvellement fondée.
Dans la même veine, Joseph Thibault, marchand général, démarrera une petite compagnie de téléphone qui sera reprise en 1961 par la compagnie Bell Canada.