Après avoir fondé en 1926 le Moose Lake Fish & Game Club tout près du Camp Bertrand au lac Bouillon, Charlie Samuel, un juif anglais de Montréal fait la connaissance de Douglas McDonald, contremaître de la St-Maurice Paper, dont le bureau est situé en face du magasin général de Hermas Piotte.
Douglas qui parle français et anglais demeure près du magasin. C’est par son intermédiaire que Jos Morin (1) travaillant sous ses ordres, se fait connaître des membres du club, car il est aussi guide de pêche. Avec son frère Damase, il guide à la belle saison les pêcheurs sur les lacs de la région, allant même jusqu’au lac Caribou aujourd’hui situé dans le Parc du Mt-Tremblant, mais anciennement dans le Parc de Joliette. Lorsque le Moose Lake Fish & Game Club laisse partir une partie de son territoire en 1932 (Altitude 1350, novembre 1993) Jos Morin devient associé du club et en fait déménager les activités au lac Caribou.
Au lac Caribou. Au printemps de 1932 Jos et Damase Morin, Edouard Perreault et Anthime St-Amour montent au lac Caribou pour défricher un emplacement. Aucun bail n’est alors exigé du gouvernement pour s’installer. Plus tard il sera exigé un montant d’argent pour les 3 acres de terres qu’ils occupent et des baux de 5 ans avec le gouvernement seront signés. Mais comment s’y rend-on au Caribou ? À la fin avril, on transporte jusqu’au camp tout le matériel nécessaire à l’ouverture de la saison. On mouille les chaloupes en face de chez Douglas McDonald (auj. M. Marc Blagrave), tout près de Damase Morin. On traverse le lac Ouareau à force de bras jusqu’à sa décharge où l’on débarque chez Xavier Grenier, gardien de la dam. Puis, un portage de 3/4 de mille en “ jumper “ ou à pied est entrepris pour se diriger vers le premier bassin du lac Croche. De là, on se rend jusqu’au 7e bassin. Enfin, un dernier portage de 2 1/2 milles est entrepris jusqu’au campement. Vers la mi-mai, la famille de Jos Morin rejoint le campement pour y demeurer jusqu’en octobre. Le premier été, tandis que Jos Mousseau, Paul Mousseau et Jos Morin construisent le premier camp, les pêcheurs sont logés dans des grandes tentes de toile. L’extérieur du camp est en planches et le toit recouvert de bardeaux de cèdre. Jos avait appris à faire du bardeau d’Athanase Berthiaume. Puis, deux autres camps seront montés, en bois rond cette fois. Au début, ce sont des camps-dortoirs l’un avec 6 lits, l’autre avec 8 lits. Les premiers temps, les membres du club paient 1.50$ par jour. Mme Morin fournit les oeufs, les patates, le lait (elle a 2 vaches) et prépare les repas en prenant soin d’offrir aux pêcheurs du bon dessert de chez nous. Quant à eux, ils apportent : leur viande, leurs légumes, leur pain et leurs fruits. Au plus fort des activités le club compte plus de 80 membres, la majorité des juifs cannadiens-anglais et quelques juifs américains.
Et les femmes dans tout cela ! Dames de la ville et du confort, elles n’accompagneront leurs maris et cela à l’occasion seulement que lorsque le chemin se rendra au lac. Une autre exigence et fallait s’y attendre, on ne peut toujours pas aller dans le petit bois pour les petites choses, on attendra l’installation des toilettes à l’intérieur avec l’eau courante. Tout en demeurant dans le domaine des commodités, les glacières sont une nécessité l’été et cela exige qu’on s’y prépare.
Aussi, entre Noël et le jour de l’An, Jos Morin et les plus vieux de la famille montent au Caribou pour faire de la glace. Près de 600 blocs sont taillés sur le lac. Une première glacière est aménagée près de la dam pour le poisson capturé et une autre derrière le premier camp. En 1937 un événement heureux survient, finit les rames, on achète un moteur de 10 forces, ce qui permet de transporter plus de matériel et d’être moins exigeant sur le physique. Bien que cela n’apparaisse pas sur la photo, on construit au début des années 1960 un petit motel rustique avec 5 chambres, toilettes et douches. C’est suite à cette construction que le premier camp est converti en cuisine et salle à manger. Tout a une fin. Il s’en est passé des bonnes parties de pêches, des excursions, des veillées autour du feu, sans parler des grandes et petites histoires de pêche. Mais il y a une fin à tout. L’avènement du Parc de Joliette arrête les activités du Club à l’automne 1971. Le gouvernement exproprie le territoire. Le Moose Lake Fish & Game Club est alors dissous. Après avoir obtenu leur part du Club qui leur revenait, les membres du Moose Lake.transportent tout le “ménage” vers Saint-Mathieu, en Mauricie, où ils poursuivront leurs activités de pêche. Je tiens à remercier messieurs Lévis et Jean-Paul Morin pour leur hospitalité et leurs précieuses informations. (1) Jos Morin est originaire de Chertsey et a épousé le 1 septembre 1914 à Saint-Donat Marie-Louise Mousseau. De leur union sont nés 9 enfants : Roland, Henriette, Roger, Jean-Paul, Lévis, Thérèse, Jean-Guy, Huguette et Mariette.
Condoléances. Dernièrement j’ai perdu un bon ami, M. François Lavoie à Abraham. Jamais plus maintenant le Mont Carcan ne sera pareil. Mes rencontres avec lui, après ma randonnée de ski de fond, au coin du feu avec une bonne tasse de thé et des souvenirs à la tonne sont des choses que je n’oublierai pas. Mes condoléances à la famille.
Noël ! Noël ! En cette période des fêtes, je souhaite à tous mes lecteurs un joyeux Noël et une Bonne et Heureuse Année, en santé surtout.
Photo-vignette : Cette photo fut prise en 1951 et montre les installations du club Caribou. Le camp de droite est le premier à être construit durant l’été 1932.
Source : Claude Lambert, anthropologue-historien, Journal Altitude 1350. Décembre 1993