Voici le dernier de deux articles sur le tourisme à Saint-Donat. Que pouvait bien rechercher un villégiateur vers 1900 ? Outre le cadre naturel, l’accueil et l’hospitalité des gens de Saint-Donat étaient grandement appréciés. D’actualité il n’y a pas si longtemps (pensez au lac Meech), voyons ce qu’un journaliste américain avait à dire sur le tourisme au Québec en 1938 : << Si Québec continue ainsi à perdre son aspect et son caractère français, le tourisme dans votre province ne fera que décroître. Nous ne visiterons pas votre pays pour venir voir ce que nous avons chez nous (...). Si vous ne savez pas conserver davantage vos moeurs, vos vieilles coutumes, et surtout si vous ne savez pas protéger contre toute invasion étrangère cette atmosphère française... >>. Quoique dépassée, cette perception sur le tourisme fait réfléchir sur les attraits touristiques à développer à Saint-Donat. Ce qui m’amène à ouvrir une parenthèse à ce sujet : Le patrimoine historique de chez nous : une ressource à exploiter. Quoiqu’en pensent certains, il n’y a pas que le patrimoine naturel qui ait contribué au développement touristique de Saint-Donat. Quand valoriseront-nous l’apport humain ?
Faire preuve de reconnaissance et d’équité à l’endroit de nos aînés, vivants et disparus, ceux-là même qui ont fait de Saint-Donat ce qu’il est aujourd’hui et ce que nous sommes, ne serait que rendre hommage à leur mémoire. Et ce n’est pas l’histoire ni les scénarios qui manquent pour agir, croyez-moi.
De plus, j’ajouterai qu’on n’a pas à rougir de notre petite histoire locale. Vous seriez surpris de ce que l’on peut y découvrir et y apprendre. Actuellement, il est déjà possible de tirer profit de façon originale de notre patrimoine historique (1). Au fait, vous êtes-vous déjà demandé pourquoi, lorsque nous visitons des endroits comme L’Anse St-Jean (Saguenay, Qué.), Liser (Belgique), Koblenz (RFA) ou Lans-en Vercors (France), nous aimons prendre sur pellicule l’histoire et la culture de ces lieux touristiques, alors que lorsqu’il s’agit de chez nous, nous croyons très peu dans la mise en valeur de notre passé ? Qu’en pensez-vous ? Maintenant, poursuivons sur le tourisme à Saint-Donat.
Les premiers touristes Parmi les premiers utilisateurs du territoire à des fins récréo-touristiques, signalons, sur le lac Archambault, le Camp Powter, de C.B. Powter (1906) ; à la Pointe des Prêtres, le Club L’Ermitage (1909), avec entre autres les abbés J.H. Lecourt, H. Lecompte et Noël Fauteux, tous du séminaire de Ste-Thérèse ; au Bec aux Canards, le Chanoine Lionel Groulx (1917) ; le Châlet de St-Donat, avec Thomas Wall (1917), les Pères St-Sacrement (1917) dont ils célèbrent ce mois-ci le 100ème anniversaire de leur arrivée au Canada (1890-1990, joyeuse fête). Toujours au lac Archambault, l’île de B. Williamson (1914) ; l’île de l’abbé C. Carron (1914) ; à l’entrée de la Baie de l’ours, l’île de W.D. Robb-Stovel (1913) et aussi l’île de Jos Tait (1920).
Sur le lac Ouareau où j’ai moins d’informations, en face de l’auberge La Cabouse, l’île de Frank Rupert (1909) ; et tout près, l’île de Isaïe Mousseau (1916), aussi connue sous le nom de celui qui en fera l’acquisition vers 1920, Louis E. Stoner. À cette époque, il était propriétaire de Laurentide Inn à Sainte-Agathe, au lac des Sables.
Par ailleurs, ces deux îles portèrent également les noms de Marie et Calypso. Et pour terminer, je ne pouvais oublier le Camp Ouareau avec les demoiselles Jameison, Holliday et Percevel (1922).
(1) À la suite d’une offre de service présentée à la municipalité de Saint-Donat, je remettais en avril 1989 une première Étude d’Évaluation des sites d’intérêt historique à Saint-Donat, 61 pages. Je profite de l’occasion pour remercier l’administration municipale d’alors d’avoir souscrit à cette première initiative sur le potentiel récréo touristique que l’on peut tirer de la conaissance et de la diffusion de notre patrimoine.
Source : Claude Lambert, anthropologue-historien, Journal Altitude 1350, août 1990