Joseph (Youssouf) a su gagner sa vie et celle de sa famille, à la sueur de son front. Lorsque j’y pense aujourd’hui, cette expression prend tout son sens. Dans ma tendre enfance, je connaissais ces mots, mais… Savons-nous la vraie signification ? J’en doute.
Tomber et se relever, et ne pas attendre, car la vie se passe, en ce moment. C’était aussi bon de penser comme cela, dans les années dures de 1911 et les suivantes. Lorsque vous verrez à l’avenir, une personne avec une goutte de sueur, longeant le nez, ayez du respect pour cette personne car, elle est sûrement entrain de bûcher, pour gagner sa vie.
Il n’y a pas seulement, à penser de travailler, mais il y a aussi les embûches. Joseph (Youssouf) en a rencontré en masse. S’il y avait eu des gros camions comme aujourd’hui, la “ dompeuse ” serait pleine. Grâce à des âmes généreuses, en l’occurrence les voisins, comme Joseph Charbonneau, qui était tout près, avec un grand cœur de bâtisseur et de générosité, grand-père a avancé, avec peine, mais il fallait avancer. La famille pousse et pousse, comme de bons géniteurs. Nous aurions un petit sourire, si aujourd’hui, nous avions de grandes familles, mais oui, de l’autre côté du lac, il n’y avait pas d’électricité, ni ailleurs, dans ce temps-là. Et que dire de la religion ?
Il a bien compris le sens de l’instruction très tôt, car savoir : compter, écrire, s’enrichir de connaissances religieuses, pour en faire une bonne personne et un bon départ dans la vie, il a contraint son premier enfant, Joseph (fils), mon père, à rester au village pour se faire instruire, il avait 6 ans, donc, en âge pour aller à l’école. Il a niché chez Monsieur Jos Brisson, son oncle. Souvent, je m’amuse à dire que nous sommes tous parents à St-Donat, mais, il y a un fond de vérité, lorsque j’écris ces lignes et retrouve tout mon monde, soit de la fesse droite ou de la gauche, les plus âgés avaient cette expression, cela parle par soi-même.
Fou mon nouveau projet, je viens d’avoir mon cours 101, dit-on encore de cette façon, lorsqu’on veut bien spécifier qu’on débute ? Oui, mais… 101 de quoi ?… D’Arabe, “c’ta’faire” ce mot-là, c’est bien Québécois. Plus québécois, que moi, tu meurs. Très jeune, mais très jeune, j’ai appris le français, pas facile. Après mes parents m’ont cloitré chez les sœurs, pour apprendre l’anglais, au Cegep, je me suis lancé en espagnol. Pas plus fine, j’ai fait une croisière en Russie, sur le Volga, un très grand fleuve, donc j’ai eu le temps d’apprendre à chanter en Russe, et maintenant l’arabe. Faut ne pas lâcher. Je vais vous écrire ce que j’en ai tiré, de ma première leçon d’arabe. Donc, ne pas oublier, que certains sons doivent venir de la gorge, soit : guttural, d’autres HHHH aspirés. Pratiquez-vous sur les deux mots Haël et Isa avec un ou deux ss, selon ce que vous en pensé, faites votre possible et cela ira bien, n’oubliez pas que le i, peut-être en français ou en anglais..
La générosité, des gens qui me parlent de mon grand-père, m’émeut, trouver de nouvelles donnes, pour mieux comprendre mon grand-père, nos discutions m’apportent une joie profonde et un sens pour poursuivre cette rétrospective de sa vie et notre famille, les tiroirs, de mon cerveau, sont remplis au “ cotton”. J’avais remisé certaines informations, pour ne pas perdre mes racines, aujourd’hui, je les partage avec vous.
Bon, revenons à nos moutons. Youssouf connaissait très bien, dans son pays natal, la Syrie, comment l’on fonctionnait, pour nourrir son monde. Les chèvres étaient monnaie courante. Pourquoi pas en importer, à St-Donat, dans son nouveau coin d’accueil, son shack, sa petite famille, son courage, pourront apprécier ces nouvelles amies et dames de compagnie. Mais en bon voisin, monsieur Charbonneau, lui en a dissuadé, bannit son projet, en lui relatant les risques : leurs autres amis de la forêt vierge, des bêtes sauvages d’ici, … les loups.
Le 20 septembre 1912, ce fût un autre beau bébé, Georges, qui s’est joint à sa famille. Qui n’a pas connu, ce personnage si généreux, pour bien vous situer, je devrai vous dire le père d’André et les autres. Le 24 mars 1914, le tour de Gérard de voir le jour.
Pour la prochaine chronique, je vous parlerai, de Youssouf, pendant la guerre 1914-1919.
Source : Solange Issa, née Issa, Journal Altitude 1350, février 2016