Voici le premier de deux articles sur le tourisme à Saint-Donat. Bien que nous ayons vu dans l’édition du 1er juin que la pêche attirait bon nombre de visiteurs chez nous dès 1870, il faudra attendre le début du XX siècle pour que se manifestent les premiers signes évidents de ce qu’allait devenir Saint-Donat 82 ans plus tard, soit la station touristique la plus fréquentée et la plus dynamique de la région de Lanaudière.
À preuve, citons une partie du rapport qu’adressait l’ingénieur forestier G.C. Piché au ministère des Terres et Forêts en 1908 : “ La région de Saint-Donat jouit d’un site incomparable comme << summer result >>”. Son altitude, à plus de 1400 pieds, lui permet de disputer à Sainte-Agathe les chances de guérir les poumons faibles (ici il fait référence au sanatorium). Les beaux lac poissonneux et ses grands bois presque vierges offrent des territoires assez bons aux sportsmen (sic). Il semble que l’on pourrait se comparer avec avantage même à Saranac ”(1).
Plan d’aménagement en 1908. Puis l’ingénieur Piché recommendera dans son rapport : “ À cet effet, j’ai l’honneur de suggérer 1- qu’une zône (sic) de terrain ayant en moyenne 1000 pieds de profondeur soit réservée autour des lacs Archambault et Ouareau sur tous les lots vendus ; 2- que cette zône (sic) soit divisée en lots pour être vendus comme emplscements de villégiature. Si le gouvernement hésitait à se charger de ces ventes, il serait facile de trouver un groupe de capitalistes qui se chargeraient de ce travail et d’y amener des touristes”. Visionnaire, on ne saurait dire, mais il aura vu juste sur le potentiel récréo-touristique de Saint-Donat.
Plus près de nous, le curé Donat Guay 9ème curé de notre paroisse (1915 1922), aura lui aussi compris que Saint-Donat avait mieux à faire que de la colonisation. Dans une lettre qu’il adresse à Mgr D.X. Brunet, évêque de Mont-Laurier en février 1916, voici ce qu’il exprimait : << Je veux établir à Saint-Donat une colonie de vacances pour les jeunes gens de Montréal. Ces colonies de vacances produisent des effets admirables, nous rapportent les revues françaises. Il serait facile, j’ose croire, d’établir une colonie de vacances à Saint-Donat, et je pense qu’il n’y a qu’une manière à faire progresser Saint-Donat en travaillant à en faire une place de villégiature >>.
Bien qu’il cite le nom de deux curés de la région de Montréal qui possédaient des colonies de vacances, le curé Guay n’était pas sans connaître le Powter’s Camp établi au lac Archambault depuis 1906. Professeur d’éducation physique à Montréal, C.B. Powter avait déjà su reconnaître et exploiter les lieux enchanteurs qu’offrait Saint Donat.
L’idée fera son chemin, et au cours des années qui suivront, des camps de vacances se fixeront près des lacs ; les pensions traditionnelles se convertiront en hôtels et auberges ; d’autres s’ajouteront à ceux-ci puis, la construction de chalets d’été et de résidences secondaires ceintureront progressivement nos différents plan d’eau.
À partir de 1950, les moyens de communications s’améliorant, Saint-Donat complètera son réseau d’établissement de villégiature par la naissance du hameau du lac Croche.
Photo d’époque À la colonne d’affichage, près de la fontaine publique, face à l’église : deux vues aériennes, l’une de l’hôtel Château du Lac et l’autre du Blagrave Inn (aujourd’hui La Réserve). Aussi, une promenade en chaloupe motorisée sur le lac Archambault avec, à l’arrière-plan, le pont Coutu couvert. (1) Saranac Lake : station touristique située près du lac Placide dans l’État de New York.
Les intéressés peuvent adresser leurs questions et commentaires à l’auteur à l’attention du Journal Altitude 1350, c.p. 1350, St-Donat (Québec) J0T 2C0.
Source : Claude Lambert, anthropologue-historien, Journal Altitude 1350, juillet 1990