Un grand patriarche nous quitte. Partis de Saint-Donat pour habiter Saint-Placide de- Béarn en 1905, Élie Brault et son fils Almanzar sont les premiers chantres de l’église de l’endroit construite en 1906.
Deux ans plus tard, Élie décède le 6 mai à l’âge de 72 ans. Son épouse Zoé Forest, qui ne semblait pas apprécier la vie dans cette nouvelle région, quitte après le décès de son mari pour aller demeurer chez sa fille Zéphérina, à Saint-Donat. Quant à Almanzar, on le retrouve comme le premier secrétaire-trésorier à la Commission scolaire de Béarn. Il a à ses côtés, entre autres, David Brisson marié à Marie-Louise Charbonneau, fille de Régis, de Saint-Donat, comme commissaire. Même si ses parents ne sont plus au village, Almanzar assure la continuité du nom des Brault au Témiscamingue.
Visite d’une descendante d’Élie à Saint-Donat. Deux petits mots avant de clore le dernier article sur les Brault. Il y a deux semaines, nous avons reçu de la grande visite à Saint-Donat. Il s’agit de Mme Florence Brault, fille d’Élie et de Délia Vaudry. Son père Élie est le fils d’Almanzar et de Basilisse Sylvain. Elle venait prendre contact avec la terre paternelle au lac Ouareau. Dès les premiers mots qu’elle prononça, on reconnaissait l’accent acadien des Brault. Ce fut une très heureuse surprise de l’accueillir chez nous.
D’autres familles en exil à Béarn. Au moment où, à Saint-Donat, on déplace la chapelle du pont Coutu vers le site actuel au printemps 1885, deux aventuriers du nom de Dieudoné Bellehumeur et son fils Lactance quittent Saint-Côme pour le Témiscamingue. Ils défrichent les lots 7 et 8 du rang 1 du canton Laverlochère qui feront partie en 1912 de la municipalité de Saint-Placide-de-Béarn. Comme à Saint Donat, c’est en 1912 qu’on érige civilement et religieusement Saint-Placide. Dès lors, par cette consécration officielle, les frontières géographiques, religieuses et politiques du village sont fixées.
Dès 1900, nous assistons au départ de quatre grandes familles de chez nous, les Gaudet. Ils sont les fils et filles de Adélaïde Thibodeau et de Séraphin Gaudet, de Saint-Côme. Nous retrouvons Élie Gaudet, marié à Hermine Gaudet, Jean-Louis Gaudet, marié à Élodie Gauthier, Odile Gaudet, mariée à Théophile Brault et Israël Gaudet, marié à Rose-Anna Charbonneau. Marié que depuis cinq ans, ce dernier couple, très jeune (Rose-Anna n’a que 19 ans) prend le train à Joliette pour Saint Placide. Ils défricheront un coin de terre non loin de l’église. En tout, les Gaudet forment un groupe de 22 personnes. En 1891, la petite colonie de Saint-Placide compte 18 habitants et 10 ans plus tard, avec l’arrivée surtout des familles Gaudet, la population monte à 68. Ce qui fait dire que si les Belhumeur ont fondé Béarn, les Gaudet l’ont peuplé. Quelque temps après, d’autres enfants de Séraphin Gaudet quittent Saint-Donat pour Béarn et finalement, leurs parents iront les rejoindre.
En 1902 Léon Gaudet, de Saint-Côme, donne une partie de sa terre à Arsène Brisson, marié à Olivine Gaudet. Pour qu’il ouvre une boutique de forge. Il était forgeron à Saint-Donat. Aussi Arsène Brisson passe-t-il pour être le pionnier de la vie commerciale de Saint-Placide.
En 1902, il ouvre sa boutique de forge puis en 1907, il démarre le premier magasin général où deux ans plus tard, il devient le premier maître de poste de l’endroit. Mariés aux filles de Arsène Brisson, Sara et Amanda, Oscar Désormeaux et Anatole Beauregard ont déjà rejoint leur beau-père à Saint-Placide. L’année suivante, d’autres colons s’y dirigent dont Euclide Brisson, Henri Beauchamp, Léo et Joseph Brault. Ce mouvement de migration vers le Témiscamingue explique en partie cette saignée au sein de la population de Saint-Donat où, entre 1900 et 1910, le nombre d’habitants passe de 977 à 637. On note également qu’au cours de ces 10 années à Saint-Donat, sur 247 naissances on enregistre 120 décès et que plus d’un enfant sur deux n’atteint pas l’âge de 11 mois.
Par ailleurs, même si cela n’entre pas dans les statistiques, on sait que nombre de femmes sont décédées enceintes à cette époque-là. Nos mères et nos grands-mères se souviennent de ces événements malheureusement. Ce furent des temps très difficiles pour les femmes et les enfants.
Sources : Album Souvenir. Jubilé d’Or Sacerdotale du Chanoine Joseph.
Lachapelle curé de St-Placide de Béarn. 1909-1959, 98 pages. Si Béarn m’était conté.../, par Gaétan Lemire, Comité organisateur des fêtes du 75e anniversaire de la muicipalité de Béarn, 1987, 240 pages et mes notes personnelles. Pour ceux que la généalogie intéresse, j’ai déposé à la Bibliothèque municipale de Saint-Donat une copie du répertoire Baptêmes et décès de la paroisse de Saint-Donat 1875-1910, pour consultation sur place seulement.
Note : le 7 août prochain sera la fête de notre patron Saint-Donato. Nous souhaitons la bienvenue aux membres de la communauté italienne de Montréal qui viennent chaque année en pèlerinage à cette date.
Photo-vignette : Théophile Brault (Élie et Zoé Forest) et son épouse Odile Gaudet (Séraphin et Adélaïde Thibodeau). Entre les deux, Joseph. À l’arrière, Albert Gaudet à Jean-Louis et Léo Brault.
Source : Claude Lambert, anthropologue-historien, Journal Altitude 1350. Août 1992