Les débuts du service postal. Au temps de la Nouvelle France il n’y avait pas vraiment de service postal organisé si ce n’est pour le transport des dépêches gouvernementales. Mais en 1721, le sieur Nicolas Lanouiller obtient le droit exclusif de créer un système postal entre Montréal et Québec, ouvrant à ces deux endroits des bureaux de poste incluant un service de messagerie. Ainsi les petites gens pourront désormais envoyer et recevoir de la correspondance. En 1851, le premier timbre canadien fait son apparition. Au Canada, les premières cartes postales sont mises sur le marché en 1871. Le coût d’un envoi est de un cent. À la fondation de la paroisse de Saint-Donat en 1874, le prix du timbre pour une lettre envoyée dans les limites du village est de 1 cent tandis qu’un envoi ailleurs au Canada coûte 3 cent, à condition que le poids n’excède pas une demie once. De plus, si une lettre est insuffisamment affranchie, le destinataire doit payer le double pour l’obtenir.
À cette époque et jusqu’a il n’y a pas si longtemps le nom de la personne et celui du village suffisaient pour que la lettre se rende à destination. Avec l’arrivée du Petit train du Nord à Sainte-Agathe-des-Monts en 1892, la régularité du service postal s’améliore. Le transport de la "malle" rurale à Saint-Donat. Mes recherches me permettent de dire qu’en 1884 Pierre Aubin est le conducteur de la malle, sans plus de détails. Isaïe Mousseau obtient à contrat le transport de la malle de 1897 à 1905. Il va chercher les sacs à Sainte-Lucie. Il fait deux déplacements par semaine sur une distance de 15 miles et reçoit 100.00$ par an. Pour les gens de Notre-Dame-de-la-Merci, un autre transporteur s’occupe d’aller chercher le courrier à Saint-Émile (Entrelacs). On imagine bien qu’aux crues du printemps le service s’interrompait quelque temps. De plus on ne sait pas si l’hiver, le service fonctionnait vraiment. À partir de 1906 lorsque Charles Villeneuve a le contrat, les déplacements montent à 3 durant l’été et 3 durant l’hiver pour un salaire de 400.00$ l’an. En 1928 Joseph Aubin transporte la malle de Saint-Émile en s’arrêtant à Notre-Dame-de-la-Merci, au Camp Ouareau et au bureau de Lussier. Il fait en tout 6 déplacements par semaine. Au cours des années 1930, Joseph Aubin va chercher le courrier à Sainte-Agathe-des-Monts en passant par le Petit Lac Long, Lantier, Chemin Guay, Chalet St-Donat, Lac Archambault, La Corniche, Lussier, Camp Ouareau et Notre-Dame-de-la-Merci. L’hiver, le trajet est toujours plus court en raison des endroits qu’on ne fait pas. Le fils de Jos Aubin, Armand, prend la relève du transport en 1940 qu’il conserve jusqu’en 1963 alors qu’il est remplacé par Armand Valiquette. Avec le père et le fils Aubin, le transport du courrier en hiver passe des chevaux au “snowmobile”, puis à l’automobile.
Les maîtres de poste au village. Officiellement, c’est le curé Alexis-Henri Coutu qui donne le service au pont Coutu là où était le village au début de la petite colonie. Jusqu’en 1888 les curé sont dépositaires du service postale. Cette année-là un premier laïque, Hormisdas Rivest obtient le poste. Il est remplacé en 1890 par Charles Villeneuve, lui- même remplacé en 1893 par Euclide Rivest. Se succéderont ainsi, les curés Paul et Isidore Garon de 1894 à 1899, Joseph Lavoie de 1901 à 1904, Joseph Thibault, marchand général, de 1904 à 1912, Zacharie Crépeault de 1912 à 1917, Omer Béchard (le grand-père oncle de M. Marcel Béchard) de 1917 à 1918 - à cette époque il tient une petite boutique de sellier, à l’emplacement actuel de la place Monette -, J. Ernest Guimond, de 1918 à 1921, Mlle Lucienne Thibeault, de 1921 à 1923 , Ludger Leclerc, marchand général, de 1923 à 1929, Mlle Yvette Charbonneau de 1929 à 1931, Joseph Simard à Petrus, de 1931 à 1937, Jean-Roland Charbonneau de 1937 à 1950 et pour terminer celui qui occupa le plus long terme comme maître de poste à Saint-Donat jusqu’à aujourd’hui M. Patrice Dumont de 1950 à 1979. Depuis, Yvon Légaré, Jean-Claude Perreault, Réjeanne Lefebvre et aujourd’hui Mme Janine Coutu Riopel se sont succédé. Les maîtres de poste au bureau Lussier, lac Ouareau.
Ce joli coin de Saint-Donat connaît une forte activité économique à partir des années 1920. L’arrivée du bureau de la Saint-Maurice Forest, aujourd’hui ce qui est L’auberge Ouareau en face du magasin Piotte, du moulin à scie sur la rivière Bouillon, le Camp Bertrand, de l’hôtel Le Blagrave Inn, la présence des habitants qui occupent les terres du rang double, d’une belle école de rang, de la maison de Pension Leblanc, des riches villégiateurs construits aux abords du lac Ouareau, font que la tenue d’un bureau de poste devient nécessaire. Le premier contrat revient à Viateur Riopel de 1923 à 1926. Se succéderont ensuite A.B. Blagrave de 1926 à 1930, Hermas Piotte, marchand général, de 1930-1931, et Oscar Leblanc, qui tient une maison de pension, de 1931 à 1936. En 1937 Hermas Piotte reprend le service de la poste jusqu’en1964. M. Piotte aura eu le plus long mandat à ce bureau. Le bureau Lussier ferme ses portes en 1986 avec Mme Agathe Boivert maître de poste depuis 1964. Encore aujourd’hui, on peut reconnaître un ancien édifice qui abritait un bureau de poste au village. A quel signe pouvons-nous le reconnaître ? Je vous en reparlerai dans la prochaine édition.
Photo-vignette : Avant que des normes précises régissent la construction des bureaux de poste, surtout en milieu rural, la plupart du temps on parle plutôt de succursale ou comptoir postal, dans une maison privée. Cette maison servit de bureau de poste au temps ou Joseph Simard à Petrus en était le propriétaire au cours des années 1930. On retrouve ce style de construction couramment à Saint-Donat. De forme carrée avec un toit à une seule pente, elle révèle tout de même une corniche ouvragée qui lui donne une certaine allure. Cette maison est d’abord la propriété de Zacharie Crépeault, secrétaire-trésorier de la municipalité. Notes. Si vous avez des photos ou d’autres informations sur les maîtres de poste ou les maisons qui les abritaient n’hésitez pas à communiquer avec moi, au c.p. 981, Saint-Donat, J0T 2C0, tél. 424-3720.
Source : Claude Lambert, anthropologue-historien, Journal Altitude 1350. Juin1994