Les écoles de Saint-Donat, suite et fin

Histoire > Articles divers > Articles de Pierre Forget > Les écoles de Saint-Donat, suite et fin

Avec l’explosion démographique de l’après-guerre, le couvent devient rapidement congestionné et des classes provisoires sont aménagées dans des espaces loués au village. Plusieurs se souviennent des deux classes pour garçons situées dans l’hôtel de ville de l’époque au cœur de l’emplacement de l’actuel stationnement voisin de la Boulangerie St-Donat.

La situation se règle en grande partie grâce à l’ouverture, en septembre 1953, d’une école pour garçons située sur la future rue du Collège. Elle porte le nom d’école Sacré-Cœur. C’est là que j’ai fait ma troisième année. Ma première et ma deuxième avaient été complétées au couvent dans des classes mixtes avec comme enseignantes, Sœur Sainte-Lise et Sœur Sainte-Wilfridesse. Revenons à ma troisième année. Une jeune et belle fille de 16 ans, du nom de Rachel Coutu, aborde sa carrière d’institutrice. Elle a devant elle une trentaine de garçons de 8 à 10 ans pour l’initier. Une troisième école, partageant la cour du couvent, ouvre en 1956. Il s’agit de l’école Sainte-Bernadette. Ces nouveaux édifices marquent officiellement la fin des écoles de rang.

En 1957, l’école Sacré-Cœur comprend sept divisions (2e,3e,4e, 5e, 6e, 7e et 8e années), le couvent Notre-Dame-de-Lourdes, sept également (1ère, 5e, 6e, 7e, 8e,9e et 10e années) et l’école Sainte-Bernadette, plus petite, en compte quatre (1ère, 2e, 3e et 4e années).
À la fin des années 1950, une industrie touristique importante vient s’ajouter à l’industrie forestière. L’économie de Saint-Donat ne cesse de se développer, ce qui amena une importante augmentation de sa population et par le fait même, davantage d’étudiants et un besoin de nouveaux locaux. De plus, les années traversées par le premier couvent commencent à peser. Puisqu’il nécessite de nombreuses réparations, on estime alors qu’il serait préférable de le démolir et d’en construire un nouveau plus spacieux, juste à l’arrière.

À la rentrée scolaire de 1959, on inaugure, avec le personnel enseignant religieux et laïc, le couvent actuel. L’école Sacré-Cœur voit ses derniers changements majeurs en 1963 avec l’addition de six classes et d’un gymnase.

Avec la création du Ministère de l’Éducation en 1964, de grands bouleversements s’amorcent dans le domaine de l’enseignement au Québec. Les écrits du Frère Untel sont à l’origine d’une nouvelle orientation qui sera mise en place par le ministre de l’Éducation, Monsieur Paul Gérin-Lajoie. C’est ainsi qu’apparaissent les commissions scolaires régionales. C’est alors que se termine le règne de la municipalité scolaire de Saint-Donat-de-Montcalm après quatre-vingt-neuf années de belles réussites. Saint-Donat fait maintenant partie de la Commission scolaire des Laurentides.

Début des années cinquante, pour pallier au manque de locaux, la Commission scolaire installe deux classes au 2e étage de l’Hôtel de ville. Une classe de niveau 4e et 5e avec comme titulaire Monsieur Bazinet. Ce dernier a laissé la réputation d’être très sévère puisqu’il n’hésitait pas à utiliser la « strappe » et le barreau de chaise pour établir la discipline. Si ces efforts d’autorité ont été concluants, on ne peut pas en dire autant pour l’aspect instruction qui a été très peu convaincant puisque seulement trois élèves ont réussi l’examen du département de l’Instruction publique.

Le professeur Cusson, qui enseignait aux élèves de 5e, 6e, 7e et 8e niveaux, faisait partie de l’équipe de hockey du village et avait pour habitude d’utiliser la période de récréation pour amener ses élèves pelleter la patinoire publique de la rue St-Donat. L’hiver, il faisait tellement froid dans ces deux classes que les élèves conservaient leurs mitaines pour écrire.

À une question que je posais récemment à mon professeur de 3e année, Madame Rachel Coutu, à savoir, si elle avait fait une longue carrière dans l’enseignement, elle m’a répondu qu’elle avait enseigné seulement 5 ans puisqu’en se mariant, elle devait quitter sa profession selon la règle des autorités à cette époque.

Source : Pierre Forget, Journal Altitude, septembre 2012

Source : Claude Lambert, anthropologue-historien. Journal Altitude janvier, février, mars 1994.