Les histoires de pêche jadis et naguère

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Pour ceux qui s’inquiétaient, je reprendrai à l’automne sur les premières familles de Saint-Donat. Nous serons alors en 1881. Maintenant, l’occasion du super tournoi de pêche de Saint-Donat, je me suis dit que ce serait bien de raconter quelques histoires de pêche qui ont eu lieu chez nous au tournant du siècle dernier.

Au fait, saviez-vous que les lacs Ouareau et Archambault faisaient déjà parler d’eux aux débuts des années 1870 ? Les fervents de ce sport venaient non seulement de Montréal, Saint-Jérôme, Joliette et des environs, mais aussi d’Ontario et même des Etats-Unis surtout de la Nouvelle-Angleterre.

Saison de pêche. En 1877, la période de pêche à la truite s’étendait de janvier à la mi-septembre. Cultivateur, William Ritchey (1), qui demeurait au lac Ouareau avec son fils John depuis 1875 environ (Altitude 1350, mai 1990, pp.4), deviendra le premier garde-pêche de Saint-Donat. Il recevait du gouvernement 50$ par année. J’ajouterai seulement que ce même William Ritchey fera partie des fondateurs de Notre-Dame-de-la-Merci.

Exploits de pêche. Voici quelques-uns des exploits de pêche tels que rapportés par les journaux de l’époque. Digne de mention, je ne pouvais passer sous silence l’exploit du lac l’Assomption, près de Saint-Côme. En août 1876, un dénommé B. Robert capture toute une truite. Elle mesure 3 pieds et 9 pouces de long et faisait 22 pouces de tour. À elle seule, la queue s’étendait sur 11 pouces. Évidemment, il n’y avait pas de balance. À l’oeil donc, elle devait peser de 34 à 35 livres. Comment vous la trouvez celle-là ? Pas pire, hein ! Lac Ouareau, 1879 : cet été-là, le Dr Grignon, de Sainte-Agathe, accompagné de Alfred Guilbault, commerçant de Sainte-Lucie, prend en deux jours 150 livres de truites. Pas une en bas de 5 livres. Les plus grosses variaient entre 10 et 17 livres. Maintenant, tenez-vous bien. Au cours de l’été 1884, on rapporte que des touristes auraient pris une truite de 38 livres et un quart. Qui dit mieux ? Dans une seule journée de juin 1900, cinq hommes prirent 500 livres de truites rouges et grises au lac Ouareau.

Guide de pêche. Thomas Wall, propriétaire du Chalet St-Donat au lac Archambault, utilisera les services de Jules et de Delphis Michaudville. Plus d’une fois, ils guideront les touristes américains sur le lac Archambault et le haut de la rivière Pimbina. Également, on fera confiance à Régis Charbonneau et à son fils Pierre (Pit) pour accueillir et diriger les amateurs de pêche vers nos lacs et rivières les plus poissonneux. Au lac Ouareau, on comptera sur Isaïe Mousseau, son fils Pierre et sur Wilfrid Simard pour sonder le lac. Le soir venu, on se rassemblera à la Pension Mousseau, devant une partie de dames, pour raconter, chacun à sa façon, sa pêche de la journée.

Écoutons ce qu’avait à dire le Dr Grignon, surnommé le << Vieux Doc >>, sur les pêches qu’il faisait au lac Ouareau (2). Tous d’abord, l’origine du nom île de la Cave située au sud-ouest du lac. Dans son roman, il mentionne qu’il a pris << ... Dans les Caves du lac Ouareau des spécimens de 25 à 28 livres. Que... Ces grosses-là (truites) se tiennent toujours au fond, dans les Caves >>. Sans doute que depuis ce temps, le nom est resté. Pour Grignon, les bons endroits de pêche sur ce lac : 1- <<... La grande batture de sable qui s’étend entre les îles Marie et Calypso >>. Parle-t-il des îles Stoner et Rupert ? 2- La Baie Verte (le Rocher Rouge) ; 3- La Grande Pointe, au sud-est du lac Ouareau, un nom qui lui est demeuré d’ailleurs. Voilà pour le Vieux Doc les vraies places pour la grosse.

Bonne chance !

Les intéressés peuvent adresser leurs questions et commentaires à l’auteur à l’attention du Journal Altitude 1350, c.p. 1350, St-Donat (Québec) J0T 2C0.

(1) Toutes les familles Ritchie de Saint-Donat sont des descendants de William Ritchey (d’origine irlandaise) marié à Delphine Mireault le 23 février 1857, à Rawdon.

(2) Grignon Edmond Dr (Vieux Doc). << En guettant les ours >>. Mtl. Éd. Beauchemin, 1930, 259p. Demandez-le à votre bibliothèque.

Source : Claude Lambert, anthropologue-historien, Journal Altitude 1350, juin 1990