Ceci est le premier d’une série d’articles sur les premières familles à Saint Donat. Voyageurs-ethnographes, les arpenteurs seront les premiers à nous fournir des renseignements précis sur les premières familles à Saint-Donat.
Sur un plan qu’il dresse à la fin de l’été 1870, l’arpenteur F.P. Quinn nous indique l’emplacement de la première maison à Saint-Donat, celle de Joseph Charbonneau au Lac Archambault. Plus précisément, cette terre occupera les lots 31 32 du troisième rang du canton Lussier, soit les environs du motel Le Fleuron. Mais si l’on en juge par les écrits du curé T.-S. Provost lors de son passage dans la région en 1869, Joseph Charbonneau aurait défriché sa terre au cours de cette même année.
Joseph Charbonneau était marié à Victoire Renaud. D’après le recensement de 1861 pour le canton Wexford (Sainte-Marguerite), ils habitaient sur le lot 1, du rang 8, tout près de la rivière Nord. Ils avaient pour enfants Eugène 19 ans, Emilie 18 ans, Régis 17 ans, Euphonsine 16 ans, Marceline 11 ans, Joseph 10 ans, Pierre 7 ans et Jean-Baptiste 4 ans. Joseph Charbonneau aurait emprunté le chemin du curé T.-S. Provost construit entre 1866-69 (1). Pour situer les gens d’ici, c’est ce qu’on appelle le chemin du Chalet Wall. Ce fut le premier de Saint-Donat. Il nous reliait à Sainte Marguerite en passant par Sainte-Lucie.
Le 26 septembre 1870, l’arpenteur Carolus Laurier (2) engage Joseph Charbonneau pour transporter ses provisions de l’autre côté du lac Archambault. Il profitera de sa connaissance de la région pour terminer ses travaux d’arpentage.
Un recensement. Au printemps de 1871, Joseph-Edouard Beaupré, qui est maire de Sainte-Julienne, est chargé par le gouvernement du recensement du comté de Montcalm. Au nord, il se rendra jusqu’au troisième rang du canton Lussier pour y faire la rencontre de Charbonneau et des Cariboyan, une famille indienne. Joseph Charbonneau est alors âgé de 56 ans, son épouse a 52 ans. Quant à Régis, il épousera Joséphine Lafleur le 25 mai 1866 à Sainte-Agathe pour s’établir près du Lac Brûlé. Il quittera pour Saint-Donat vers 1875. Au recensement de 1881, ils ont pour enfants Joséphine 14 ans, Marie-Louise 12 ans, Joseph 11 ans, Pierre 10 ans, Denise 5 ans, Donalda 2 ans et Rosanna 15 jours. S’ajoutera en 1891 Exalapha alors âgé de 6 ans. Campé non loin de Joseph Charbonneau, Beaupré discutera avec François Cariboyan 37 ans, son épouse Domithilde 30 ans et leurs enfants Francis 5 ans, et Mary 3 ans. François était originaire d’Ontario.
Mais de quoi pouvaient bien vivre ces premières familles si ce n’est des ressources naturelles que leur procurait le milieu. Beaupré soulignera qu’elles vivaient presque exclusivement de la chasse et de la pêche, que le piégeage du castor, du vison, de la loutre et de la martre était lucratif et que les Lacs Archambault et Ouareau regorgeaient de truites saumonées. D’ailleurs, pour l’année 1870, les Charbonneau prirent 400 livres de truites. Leurs récoltes : 60 minots d’avoine, 120 minots de sarrasin, 30 minots de patates, 40 minots de navets et 200 bottes de foin.
Malgré les temps difficiles qu’ils ont dû rencontrer, on ne manquait pas de faire les sucres. Ils récoltèrent 140 livres de sucre d’érable. Vous imaginez un peu la joie des enfants et des adultes aussi, de se sucrer le bec après un hiver rigoureux passé dans les bois.
Les pionniers. On pourrait conclure en disant que les Charbonneau furent les pionniers à Saint-Donat et comme nous le verrons prochainement, les Coutu apparaitront comme les fondateurs de la paroisse de Saint-Donat.
NDLR : Les intéressés peuvent adresser leurs questions et commentaires à l’auteur à l’attention du Journal Altitude 1350, c.p. 1350, St-Donat (Québec) J0T 2C0.
(1) Jean Lafortune. Altitude 1350, juillet 1989. << La curieuse ambivalence de Saint Donat >>. (2) Carolus Laurier demeurait à Saint-Lin. Il est le père de Sir Wilfrid Laurier, premier ministre du Canada de 1896 à 1911.
Source : Claude Lambert, anthropologue-historien, Journal Altitude 1350, mars 1990