Ceci est le dernier article sur les premières familles à Saint-Donat. C’est au moment où tous les pays sont durement touchés par une crise économique, qui s’étend de 1873 à 1879, que la petite colonie naissante du canton Lussier multipliera les efforts pour se tailler une place dans le comté de Montcalm.
Après les Charbonneau, Morin et Coutu, plusieurs familles arriveront entre 1872 et 1875 par les chemins Provost et Coutu. À pied et en charrette, ils viendront de Sainte-Marguerite, Chertsey, Saint-Hippolyte, Saint-Émile (Entrelacs), Sainte-Lucie, Sainte-Agathe. Pour la majorité, ils s’établiront en bordure de ces chemins.
Sur le chemin Coutu. Au nord du pont Coutu, on retrouvera les Yotte (1) et les Marquis. Sur le parcours du chemin Coutu, à partir de la rivière Bouillon en se dirigeant vers le village, se fixeront les familles suivantes : Léonard Laport et son fils, Elie Brault, Régis et Madard Brisson, John et William Ritchey. Et, du coin de la montée : Joseph-Emile et morice Coutu, Jean Grass, Joseph Lavoie, Damase Brisson (il était déjà là en 1872), Régis15 Coutu, Michael Roch, Joseph Rishon et, de ce dernier jusqu’aux terres des Yotte, Régis et Léandre Coutu se partageront les lots.
Sur le chemin Provost. Au sud du lac Archambault, les frères Régis et Pierre Charbonneau occuperont les lots 15, 16 et 17 du premier rang du canton Lussier. Ayant quitté le village, tout près d’eux, leur père Joseph Charbonneau habitera une maison construite sur le lot 20 du rang 2 du canton Archambault. De plus, il fera chantier sur les lots 13 et 14 du deuxième rang Lussier et sur les lots 1 et 2 du rang 6 dans Archambault.
Des amérindiens. Quelque part entre le lac Bouillon et le sud-ouest du lac Ouareau, non loin des Laporte sur les lots 1 et 2, l’Arpenteur Quinn relèvera en 1875 des campements indiens, dont celui de Jean Innes. Il en visitera d’autres, également sur les bords de la rivière Ouareau, qu’on situerait aujourd’hui comme au bout des lots des familles Lavoie du coin de la montée. Nul doute qu’il y avait d’autres familles, mais ce sont celle que Quinn rencontra lors de son passage en 1875.
Comme on peut le constater, très peu de familles s’établirent près du pont Coutu. Ce qui deviendra quelques années plus tard, vers la fin des années 1870, source de conflit pour le déplacement du village vers le sud. Là où la majorité des habitants avaient choisi de s’installer. D’ailleurs, de ce conflit naîtra le projet d’une paroisse à Notre-Dame-de-la-Merci.
L’année 1874 marquera le début de la mission de Saint-Donat. Relevant à l’époque du diocèse de Montréal, c’est sous Mgr Ignace Bourget que l’abbé Alexis Henri Coutu sera nommé le premier curé de Saint-Donat. Il y demeurera jusqu’en 1881. Au cours de l’année 1875, il fera construire non loin du moulin une humble chapelle de bois en pièce sur pièce. Sous le même toît, elle abritera à l’étage la chapelle et au rez-de-chaussé le presbytère. En juin 1878, le révérend Coutu assurera cette chapelle pour une valeur de 2000$.
Bureau de poste. Vous imaginez que, dans ce temps-là, les services publics ne courraient pas les rues. Mais s’il en est un dont on ne pouvait se passer, c’est bien le bureau de poste. Une lettre ou une carte postale demeurait bien souvent le seul moyen de communication à l’extérieur, accessible aux gens pour obtenir des nouvelles de leur famille et de la région. Le bureau de poste ouvrira le 1er juillet 1879. Il sera tenu par la famille Coutu jusqu’en 1886. Ce mois-ci, vous pourrez voir, à la colonne d’affichage, près de la fontaine publique, une carte illustrant l’emplacement du premier village de Saint-Donat, 1874-1885. Elle a été réalisée en 1982, à partir de sources orales et écrites. À l’occasion du tournoi de pêche de Saint-Donat, le prochain article portera sur des histoires de pêche.
Les intéressés peuvent adresser leurs questions et commentaires à l’auteur à l’attention du Journal Altitude 1350, c.p. 1350, St-Donat (Québec) J0T 2C0. Dans l’édition du 6 avril dernier, dans mon article, 2e colonne, 3e paragraphe, il manquait les mots suivants, après “dans un premier temps” : un moulin à scie et, un peu plus tard sous le même toît, un moulin à farine. (1) L’orthographe des noms de famille est celle transcrite dans les documents consultés. (2) Quelques informations, dont la carte, sont extraites de la monographie sur Saint-Donat : “ Un moulin et son village. Celui des Coutu”. 1982, par Sylvain Gaudet, Société Historique de Saint-Donat, 197 pages.
(Note 1998, c.l. La chapelle sera construite au cours de l’année 1876)
Source : Claude Lambert, anthropologue-historien, Journal Altitude 1350, mai 1990