Pourquoi St-Donat s’est d’abord appelé Municipalité du Canton Lussier (2)

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Jusqu’en 1916, le Conseil de comté qui est régi par le Code municipal du Québec (1870) a le pouvoir d’ériger en municipalité de paroisse tout territoire remplissant les conditions suivantes : 1. avoir au moins 300 habitants et 2. soit être érigé canoniquement ou civilement en paroisse avec des limites territoriales fixes, soit être érigé en Canton (Township). Le territoire remplit la première condition. Pour la deuxième, ils n’est pas encore érigé en paroisse officiellement (cela ne se fera qu’en 1911 pour l’érection canonique et 1912 pour l’érection civile). Il n’est pas non plus officiellement érigé en canton, mais le futur canton Lussier a quand même reçu ses lettres patentes (il sera érigé en 1920 et le canton Archambault en 1910) et cela suffit au Conseil de comté pour autoriser le territoire à devenir municipalité.

On l’appellera donc : Municipalité du Canton Lussier. Le Conseil n’a pas choisi le nom de canton Archambault parce que la demande couvrait tout le canton Lussier et seulement quelques rangs du canton Archambault. C’est à la demande du conseil municipal ayant pour maire Jean Labrèche que le gouvernement accepte en 1953 de modifier le nom pour celui de la Municipalité de Saint-Donat. Le premier conseil municipal sera formé samedi 16 avril 1904 à la chapelle du village, sous la présidence de Elie Brault. On nomme alors les 7 conseillers municipaux, élus par acclamations. Il s’agit de John Ritchie, Delphis Beauchamp, Arthur Villeneuve, Wilfrid Simard, Alfred Brisson, Abraham Lavoie et François Robert. C’est Delphis Beauchamp qui deviendra le maire choisi par les conseillers. Elie Brault est désigné comme secrétaire-trésorier. Les assemblées du conseil se tiennent chez Omer Lavoie à qui on remet .50 cents par assemblée. La première apparition du maire de Saint-Donat comme conseiller de comté se fait en septembre 1904.

Nos premiers " fonctionnaires ". Au premier plan, c’est la voirie qui préoccupe le conseil. Comme inspecteurs de chemins, on nomme Omer Lavoie pour les rangs 2 et 3 (rte 125) à partir de l’église en direction du lac Ouareau ; Pierre Charbonneau pour le premier rang Lussier à partir du coin de la montée (rte 329) en se dirigeant vers la Corniche soit le chemin du Roi ou l’ancien chemin Provost ; et Honoré Aubin pour le nord de la municipalité à partir de l’église vers le Pembina. Comme il faut un rôle d’évaluation des propriétés pour prélever les taxes, on nomme Joseph Brisson, Félix Lafleur père et J.H. Lavoie comme évaluateurs sous la surveillance du secrétaire-trésorier. Pour les autres postes, il y a Maxime Riopel comme inspecteur agraire (s’occupe des nuisances publiques, fossés ou clôtures de ligne, etc) et Arsène Brisson comme gardien d’enclos (les vaches dans leurs clos s.v.p., pas chez le voisin ni dans la rue !). Dès octobre 1904 on passe un règlement pour prélever sur tout le territoire la somme de 286.86$ fixé par le rôle d’évaluation des propriétés des contribuables. Ce budget servira à payer les officiers, les employés et autres dépenses du conseil. À la fin de l’année, on engage Ernest Guimond comme auditeur des comptes (un vérificateur comptable) pour vérifier la tenue des livres du secrétaire. Parmi les Biens-fonds non imposables, on note l’Oeuvre et Fabrique de Saint-Donat évaluée à 3,000.00$ et les écoles pour 800.00$.

Quels sont les sujets discutés au Conseil municipal ? Mise à par la question des chemins ou des ponts voici une liste des préoccupations des gens au cours des premières années de la municipalité. La première demande et qui fera l’objet d’un règlement municipal est celle de J.H. Lavoie pour obtenir une licence d’alcool ou comme on disait "des liqueurs enivrantes" (avril 1904). Son auberge est là où est le restaurant du Coin aujourd’hui ; le Conseil fait une demande auprès du Lieutenant-Gouverneur de bien vouloir dispenser sa municipalité de la langue anglaise mentionnant que tous ses habitants sont d’origine canadienne-française. Probablement s’agit-il de la correspondance avec le gouvernement ! Une petite anecdote, le 5 décembre 1904 on procède à l’élection de deux conseillers. Pour déterminer qui sortira de charge, la façon est simple, on procède à un tirage au sort. Tous les conseillers, le maire y compris doivent tirer une lettre dans un livre et les deux lettres les plus hautes indiquent ceux qui devront quitter. Wilfrid Simard avec un E et John Ritchie avec un L quitteront ; Parmi ses obligations institutionnelles, la municipalité défraye 1.50$ à Arsène Brisson, forgeron pour avoir crampé (un crampeur répare les plaques de poêles brisées par l’action du feu) le poêle de Jean-Baptiste Villeneuve, pauvre et indigent (janvier 1905) ; en mars 1905, deux requêtes sont faites par J.H. Lavoie et Adrien Coutu pour obtenir une licence d’alcool. Adrien Coutu est construit là où il y a le restaurant BABE’s aujourd’hui ; en 1905 le Conseil adresse un avertissement à la compagnie de bois Charlemagne et Lac Ouareau Lumber afin que le conducteur de la drave ne laisse pas arrêter les cages de billots au pont Coutu parce que l’eau monte sur le chemin et cause des dommages pouvant mettre en péril la sécurité des usagers du pont ; en octobre 1905, William Ritchie réclame au conseil la somme de 3.00$ pour avoir brisé une roue sur le chemin. Le compte est payé par Léon St-Aubin, parce que cela s’est produit en face de chez lui et qu’il est responsable de l’entretien de son devant de porte ; en 1905, les ventes de propriétés au Conseil de comté pour arrérages de taxes ; en 1907, un règlement prohibe la vente d’alcool dans la municipalité.

Source : Claude Lambert, anthropologue-historien, Journal Altitude 1350. Décembre 1994