Sur les pas de Pierre St-Georges
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Le 28 décembre dernier, M. Pierre St-Georges célébrait ses 99 ans. Comme il se plaît à le dire, il marche sur ses 100 ans. Pierre St-Georges est le père de M. Jules St Georges qui a consacré 33 ans de sa vie à la municipalité de Saint-Donat comme secrétaire-trésorier.
Pierre St-Georges est le fils de Philippe Laporte dit St-Georges et de Émilie Lasalle, originaires de Saint-Jean-de-Matha. Mais c’est dans le rang de la Barrière, à Sainte-Émilie-de-l’Énergie, que débute son histoire. Quatrième d’une famille de 17 enfants, il passe une partie de sa jeunesse à travailler avec son père aux chantiers et sur la ferme. Après quelques années, il s’engage à Montréal dans une manufacture de boîtes de carton, la King Paper Box.
Le 2 juillet 1917, il épouse à Saint-Côme Mlle Ida Marion, fille de Jules et Adèle Langlois. De leur union naissent huit garçons et quatre filles. La famille grandit, puis Pierre St-Georges se fixe à Saint-Miche-des-Saints où il travaille pour la St-Maurice Forest. Avec son grand ami Charles Gouger, un Indien Têtes de Boule, de la Manouane, extrêmement habile en canot où aucun rapide ne lui résiste, ils descendent tous deux des provisions sur la rivière Matawin pour ravitailler les draveurs.
Àprès avoir obtenu sa licence, il exerce le métier de mesureur de bois puis d’inspecteur forestier. Les années s’écoulent ; il revient à Saint-Côme où, pour des gens de Montréal, il dirige le Club de pêche Savard. Las d’écouter et de suivre les humeurs de tout un chacun sans un brin de reconnaissance, la famille St-Georges quitte pour l’Abitibi. Cultivateur dans l’âme, il achète de son beau-frère un lopin de terre dans le rang de l’église à Saint-Lambert. Entreprenant, il s’implique dans bon nombre d’organismes. Puis un jour, sa fidèle compagne le quitte pour rejoindre le Seigneur où elle le guidera de là-haut. Il en aura besoin. Âgé de 52 ans, 20 enfants demeurent encore à la maison. Il passe environm40 ans de sa vie dans ce coin de pays qu’il regrette toujours d’avoir quitté.
Anecdotes Je ne pouvais terminer ce bref et modeste récit de vie sans faire mention de quelques anecdotes. Saviez-vous que Pierre St-Georges avait 8 ans quand la guerre des Boers en Afrique du Sud éclata (1899-1902) ; que l’année suivante, Alphonse Desjardins fonda les Caisses populaires ; que l’Alberta, la Saskatchewan (1905)... ne faisaient pas encore partie du Canada ; qu’il a très bien connu l’écrivain Adolphe Nantel (1) à l’époque où celui-ci était commis à la Laurentide Co. ; qu’il a également côtoyé ce grand missionnaire des Algonquins, le Père J.E. Guinard, O.M.I. ; qu’il a été à la pêche plus d’une fois avec Louis Cyr. Ce grand homme fort du Québec étant un grand ami de son père. M. Pierre St-Georges me raconte qu’adolescents, lui et son père faisaient bien attention de faire asseoir ce gros gaillard au centre de la chaloupe pour ne pas chavirer.
Combien d’autres expériences de vie j’aurais à vous racontées, comme la fois où il a dû combattre avec un chevreuil. Mais il y a un temps pour s’arrêter, mais pas pour oublier.
M. St-Georges, je tiens à vous remercier de l’accueil que vous m’avez fait en votre demeure et aussi d’avoir partagé avec moi vos souvenirs. Je vous souhaite encore de bonnes années parmi nous. (1) Nantel Adolphe. À la hache. Montréal, Ed. Albert Lévesque, 1932, 232 pages. Photo-vignette : Pierre St-Georges et sa femme Ida Marion. Cette photo fut prise en 1918.
Source : Claude Lambert, anthropologue-historien, Journal Altitude 1350. Janvier 1991