Une femme remarquable, fière descendante d’une famille pionnière
Première partie
Aujourd’hui l’information est une marée montante même dans notre coin de montagnes mais le temps que chacun lui accorde est très contrôlé et vite freiné. Un bout de journal qui traîne au resto ou sur une chaise dans une salle d’attente, une demi-heure sur internet, un peu de télé-journal avant d’aller se coucher… Des documentaires nous interpellent comme le remarquable Minuit moins une pour la planète et on suit les grands acteurs qui essaient de sauver notre monde mais on ne peut tout de même pas s’attarder à tout, non ? L’Angola, Haïti, le Burkina Faso et notre série télé préférée. La vie est une question de choix, de priorités. Moi, depuis un bon bout de temps, je suis bouleversée par la question du développement durable et éthique alors j’ai demandé à madame Françoise Nadon de démêler un peut tout ça, de me parler de sa vie et des étapes de sa conscientisation car c’est une autorité, une femme qui a une sorte de légitimité organique à nous guider.
Pour ne pas faire d’impair, j’ai rencontré Françoise et pris beaucoup de notes puis elle m’a permis de consulter des documents personnels dont celui, très complet, du gala des bénévoles 2017 à Saint-Donat et ceux de l’Association des retraités de l’éducation et des autres services publics du Québec (AREQ). C’est d’ailleurs madame Francine Michaud, associée à cet organisme, qui a pris la photo qui orne cet article.
Le grand-père de Françoise, Joseph Nadon, est né en 1890 à Saint-Donat. Il disait « faire de la terre neuve », l’expression signifiant littéralement travailler la terre en considérant cette matière du point de vue de ses qualités agricoles et comme élément de base de la vie. S’ajoutait comme pour presque tous et chacun des travaux de ferronnerie, de bûchage et de drave. Il avait une magnifique terre partant du lac Ouareau et allant loin vers le mont La Réserve. Sa femme Maria Charrette et lui ont eu 11 enfants mais cette maman est morte en couches à 36 ans. Joe ne s’est jamais remarié et s’est senti coupable tout le reste de sa vie. Je dirai un des plus beaux mots de la langue française : c’était un homme bon. Non seulement il avait perdu sa belle Maria mais il a aussi perdu 2 enfants. Il a alors cru raisonnable de garder ses garçons avec lui sur la terre et d’envoyer ses filles étudier. Il a eu une bien belle récolte : l’une est devenue religieuse et trois autres ont suivi le cours d’économie familiale (ou d’enseignement ménager) pour servir ensuite comme maîtresses d’école. Tous les enfants ont eu protection et accompagnement.
Le père de Françoise, Hubert Nadon, est né en 1918 et habitait la belle maison où se trouve aujourd’hui l’entreprise PaysaNord. C’était un homme intelligent, curieux, désireux d’apprendre et de faire apprendre. La terre était très précieuse pour lui aussi ne serait-ce que parce que « lorsqu’il ne pourra plus aller à la montagne il fera aussi de la terre neuve ». Malheureusement quand il n’a plus été à la montagne, il est décédé. J’ai une admiration sans bornes pour ces hommes qui avaient une autorité, une assurance, une certitude face à leurs besoins. Monsieur Nadon a fait instruire ses quatre filles et ses quatre garçons. Marc, l’aîné, a fait des études en biologie tandis que Michel, Jacques et Pierre dit Pierrot sont ingénieurs. Quant aux filles, elles sont toutes devenues enseignantes : Suzanne, Françoise, Marcelle et Louise. Pour reprendre une des phrases des documents fournis « savait-il à quel point sa fille, Françoise, allait utiliser à bon escient ses talents d’éducatrice pour partager sa passion pour les enfants et pour la planète qui leur sera léguée ? »
Si on va du côté de la mère de Françoise, madame Fernande Lévesque, on découvre qu’elle aimait peindre. Quel plaisir nous aurions si on pouvait retrouver une de ses toiles pour la mettre dans notre futur musée ! Il y en a en circulation, peut-être une trentaine. D’abord chez ses enfants puis chez des paroissiens. Son père, Conrad Lévesque, était marié à dame Émilie Lambert. Eux aussi avaient une ferme.
Ce que j’ai senti de la famille de Françoise Nadon c’est que chaque personne a été porteuse de valeurs nourries par les échanges avec celles et ceux qui l’a précédée. Françoise a trois beaux enfants : Annie, Patrick et Jessie. Elle a aussi six petits-enfants dont un s’appelle Éloi « comme le frère de papa » et l’autre, Hubert « comme le nom de mon père ». « Nous sommes très, très famille ». J’ajouterais qu’elle est aussi très près de son milieu, de sa paroisse. Comment faire autrement quand on naît dans une belle maison de pierre près de l’église, durant l’angélus ?
Je fais exprès d’interrompre mon article en soulignant les honneurs que Françoise a reçus parce que, j’ose espérer, vous serez épatés par cette dame que je côtoie dans le journal Altitude… et vous suivrez ensuite ses réalisations avec une impression de besoin d’en savoir davantage. Elle est forte, après l’école normale, d’un certificat d’études universitaires en théologie, d’un autre certificat de didactique des moyens d’expression et d’une mention d’honneur au concours « Opération de démarrage de mini-entreprises spécialisées en environnement ». En plus elle accumule des crédits dans toute matière liée à son action. Elle a été intronisée au Cercle Monique-Fitz-Back, grande dame de l’aide humanitaire et initiatrice du mouvement Écoles Vertes Brundtland au Québec. Elle a reçu une lettre de félicitations très touchante de madame Pauline Marois alors ministre de l’Éducation et ministre responsable de la Famille. Elle a obtenu le Prix du Premier Ministre du Canada, monsieur Jean Chrétien. Imaginez-vous, j’ai en main copie d’un hommage signé David Suzuki, scientifique et environnementaliste de réputation internationale. Françoise a côtoyé Frédéric Back, Jean Lemire et Laure Waridel à plusieurs reprises. Sa vie, de Saint-Donat à l’international, est un magnifique crescendo que je vous détaillerai le mois prochain.
Source : Journal Altitude, Nicole Lajeunesse