Des vacanciers ont décidé en 1937 de se rendre à Saint-Donat pour un voyage de pêche. L’expérience a été tellement plaisante qu’il ont décidé de revenir pendant plusieurs années. Ils ont décrit leurs voyages dans un carnet que leur fils a décidé de reproduire pour le bénéfice de ses enfants et de la postérité. Nous reproduirons dans les six prochaines parutions les récits des voyages de Monsieur Laval Cusson et Madame Violette Vandal.
Laval Cusson est un commerçant qui travaille tous les jours avec le public, les employés, le monde de l’industrie et du commerce et des affaires.
Violette Vandal est une mère de famille qui a une grande maisonnée, avec un mari, dix enfants et mille et une tâches domestiques à faire tous les jours. Tous deux méritent et ont besoin de repos, de vacances et de changement.
Laval et Violette décident de faire un voyage de pêche dans les Hautes Laurentides, à Saint-Donat dans le Comté de Montcalm. Laval qui n’a pas d’automobile, demande à M. Émile Gauthier de St-Guillaume de les conduire lui et Violette, à Saint-Donat, pour un voyage de pêche. Laval connait bien M. Émile Gauthier qui est un de ses employés au magasin.
Départ de St-Hyacinthe.
C’est le 15 août 1937, tôt le matin que Laval et Violette partent pour leur 1er voyage de pêche à Saint-Donat.
Arrivés à l’Hôtel Château-du-Lac à Saint-Donat, vers l’heure du dîner, on leur dit qu’il n’y a plus de place à l’hôtel. La direction leur donne donc un petit chalet adjoint à l’hôtel, qui a vue et accès au grand Lac Archambault.
Une fois installé, Laval demande un guide pour aller à la pêche dans l’après-midi. Le gérant d’hôtel qui connait bien les gens de ce métier, recommande M. Paul Berthiaume, qui accepte.
Alors, guidés par ce M. Berthiaume, Laval, Violette et M. Gauthier pêchent tout l’après-midi sur le grand Lac Archambault, reconnu pour de bonnes pêches à la truite. Mais de tout l’après-midi, ils ne prennent aucun poisson. Laval est très déçu. Il demande alors au guide, s’il ne connaîtrait pas un autre endroit, plus loin peut-être, mais où la pêche serait bonne. Le guide lui dit qu’il connait en effet un bon endroit pour la pêche à la truite mouchetée, et que très tôt demain matin, s’il le désire, il viendra les chercher pour les conduire à cette ‘’bonne place’’.
Direction inconnue.
Le lendemain matin, il fait un très beau temps. Laval n’est qu’en chemise et Violette porte un pantalon avec un gilet à manches courtes et ‘’trooper’’. Ils apportent quelques manches de lignes et agrès de pêche. Le guide les prend à l’Hôtel de Saint-Donat, et sans dire un mot, il ne leur explique pas où il les amène.
D’abord, ils se rendent au Lac Ouareau tout près de Saint-Donat, à environ quatre kilomètres, chez M. Damase Morin, (frère de Jos Morin), qui a au bout de sa propriété, un gros bateau à moteur (inboard). C’est donc dans ce gros ‘’yatch’’comme on dit ici, qu’ils traversent le Lac Ouareau sur toute sa longueur de près de 8 kilomètres, jusqu’à la petite rivière qui mène au Lac Croche.
Mais, avant d’atteindre la petite rivière qui conduit au Lac Croche, ils doivent portager à pieds, un mille (1.6km).
De là, ils repartent cette fois-ci, en chaloupe de bois avec rames, et remontent la rivière jusqu’au Lac croche. Pour ce faire, ils traversent six petits lacs tous reliés les uns aux autres par des passes étroites, sablonneuses et peu profondes. De temps en temps, il faut débarquer de la chaloupe et faire un peu de portage, i.e. de marche à pieds sur le bord du lac, tellement il y a peu de profondeur d’eau. La traversée est longue ; près de 5 ½ kilomètres.
Arrivé au bout du Lac Croche, Laval constate qu’ils ont parcouru environ 17 kilomètres depuis le matin, que la journée est déjà très avancée, qu’ils n’ont pas encore commencé à pêcher et enfin, qu’il faut revenir à Saint-Donat avant la nuit. Inquiet, il demande alors au guide un peu d’explications. Le guide lui répond qu’ils sont presque rendus à destination, qu’il ne reste qu’un peu de portage à faire (environ 5 ½ kilomètres) et qu’ils arriveront enfin au paradis de la pêche. Il leur dit aussi de ne pas s’inquiéter pour le retour à Saint-Donat, car là où il les conduit, il y a de l’accommodation pour manger et dormir.
Laval et Violette, réconfortés, attaquent la dernière étape du voyage. Il s’agit de remonter le ruisseau (le Crique comme on dit ici) à partir de la fin du Lac Croche pour environ 5 ½ kilomètres, sur une ‘’trail’’ (sentier) assez large jusqu’au Lac Caribou, objectif de l’expédition.
La remontée est douce mais constante. La fatigue commence à se faire sentir. Laval se demande s’il a bien fait de demander au guide de le conduire à un endroit plus loin et meilleur pour la pêche.